The Journal of thoracic and cardiovascular surgery

EPITHOR : les traitements d’induction n’augmentent pas la mortalité post-opératoire et ne favorisent pas les complications de la pneumonectomie

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2015

Traitement péri-opératoire, Chirurgie

Voici un important travail français dont Pascal-Alexantdre Thomas est le premier auteur, réalisé à partir de la base de données bien connue EPITHOR dont nous avons déjà commenté plusieurs études (/les-tep-fdg-faussement-negatives, /controverse-sur-lusage-systematique-de-lechoendoscopie-bronchique-ebus, /controverse-sur-lusage-systematique-de-lechoendoscopie-bronchique-ebus). Son but était de définir les facteurs pronostiques des pneumonectomies qui sont réalisées pour un cancer broncho-pulmonaire.

Entre mars 2003 et mars 2013 plus de 39 000 patients ont été enregistrés sur EPITHOR avec le diagnostic de cancer broncho-pulmonaire. Parmi ceux-ci, 4820 (12,3 %) ou eu une pneumonectomie. La part des pneumonectomies parmi les interventions thoraciques réalisées pour cancer broncho-pulmonaire  n’a cessé de diminuer pendant la durée de l’étude.

Mortalité post-opératoire 

La mortalité post opératoire était de 7,8 %, dont 5,7 % pour la mortalité à 30 jours. Celle-ci également a diminué pendant la durée de l’étude.

En analyse multivariée, les facteurs prédictifs de mortalité étaient l’insuffisance pondérale, le sexe masculin, l’âge ≥65 ans, un score ASA (http://www.asahq.org/clinical/physicalstatus.htm)  ≥3, un nombre de comorbidités ≥3, une pneumonectomie droite et une procédure élargie.

En revanche le surpoids et le fait d’avoir reçu un traitement d’induction (OR = 0,62; p=001) étaient des facteurs protecteurs.

Cette dernière constatation inattendue a amené les auteurs à comparer les caractéristiques des patients ayant eu ou n’ayant pas eu de traitement d’induction : elles étaient différentes sur plusieurs points tels que l’âge ou les comorbidités plus favorables chez les patients ayant reçu un traitement d’induction ou l’extension au contraire moins favorable.

De ce fait, un appariement sur les scores de propension a été réalisé pour comparer 98,9% des patients qui avaient reçu un traitement d’induction à 1223 qui n’en avaient pas reçu. Le traitement d’induction restait un facteur protecteur (OR = 0,63; 95%  CI, 0,5-0,9;  p = 0,005).

Complications

Les complications chirurgicales (14.9%), cardiovasculaires (14.1%), pulmonaires (11.5%), et infectieuses  (2.7%)  sont liées à un certain nombre de facteurs de risque qui sont détaillés. Fait important, elles n’étaient en aucun cas favorisées par le fait d’avoir reçu un traitement pré-opératoire.

Cette importante étude française, - même si on peut imaginer que des biais peuvent partiellement en expliquer les résultats (sélection et prise en charge plus soigneuses des patients qui ont reçu un traitement d’induction), - démontre que la mortalité et les complications post-opératoires ne sont pas liées à la réalisation d’un traitement d’induction.  Cette démonstration va à l’encontre des idées reçues et fait l’objet d’un éditorial dans le quel le rôle d’EPITHOR est largement mis en avant. EPITHOR y est  présentée comme une  nouvelle base de données comparable à celles de la SEER et de la Society of Thoracic Surgeons.

Dans ces derniers mois, il a été démontré dans une méta-analyse sur données individuelles que la  chimiothérapie pré-opératoire est au moins aussi efficace que la chimiothérapie post-opératoire (/les-essais-cliniques-sont-de-plus-en-plus-cibles). Elle l’est  probablement même davantage puisqu’elle est administrée, du fait de sa meilleure compliance,  à un plus grand nombre de malades que la chimiothérapie adjuvante. Il a été aussi démontré qu’elle permet de définir un nouveau critère fortement lié à la survie globale, la réponse pathologique (/ceritinib-une-etude-de-phase-i-japonaise, /addition-de-pemetrexed-et-derlotinib-en-deuxieme-ligne-chez-des-non-fumeurs) et ainsi de juger en peu de temps de l’efficacité d’un traitement péri-opératoire qu’il faut 10 ans pour démontrer avec un traitement adjuvant. Enfin, cette étude démontre qu’elle n’augmente pas le taux de complications ni la mortalité des pneumonectomies comme on l’a longtemps cru. Qui peut encore penser que la chimiothérapie pré-opératoire est morte ?

Reference

Pneumonectomy for lung cancer: Contemporary national early  morbidity and mortality outcomes.

Thomas PA1, Berbis J2, Baste JM3, Le Pimpec-Barthes F4, Tronc F5, Falcoz PE6, Dahan M7, Loundou A8; EPITHOR group.

J Thorac Cardiovasc Surg 2015; 149 : 73-83.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer