Lung Cancer

Mutations BRAF V600 : Comment les patients sont-ils traités et quelle est leur survie en dehors des essais thérapeutiques ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2019

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

La présence de mutations de BRAF est observée dans  2 à 3 % des cancers bronchiques non à petites cellules et dans la moitié des cas, il s’agit de mutations V600. Ces mutations qui surviennent aussi bien chez les fumeurs que chez les anciens fumeurs ou les non fumeurs sont observées surtout dans les adénocarcinomes et, parce que ces mutations sont relativement rares, les données dont on dispose proviennent essentiellement de la recherche clinique et on manque de données sur les malades qui sont traités en dehors des essais. En revanche on dispose de données récentes issues de l’utilisation, dans le cadre d’essais cliniques,  du dabrafenib, un inhibiteur de BRAF, isolément (cliquer ici) ou en association au trametinib, un inhibiteur de MEK (cliquer ici). Cette association a même été récemment explorée chez des patients présentant une mutation V600 qui n’avaient pas reçu de chimiothérapie antérieure : Le taux de réponse était de 64%, la durée médiane de réponse était de 15,2 mois, la durée médiane de survie sans progression 14,6 mois et la durée médiane de survie était de 24,6 mois (cliquer ici)

L’objectif de cette étude rétrospective sur données individuelles a été d’évaluer les caractéristiques cliniques et l’évolution de 72 patients traités dans 7 centres académiques aux USA, présentant une mutation BRAF V600 et n’ayant jamais été inclus dans un essai clinique.  

L’âge médian de ces patients était de 65 ans, il y avait 61% de femmes. Les 2/3 des patients étaient fumeurs (42 PA) ou anciens fumeurs (30 PA). Cinquante et un (70%) présentaient un cancer de stade IV au moment du diagnostic initial et 19 un cancer se stade I à III. Le stade n’était pas précisé chez 2 patients. L’adénocarcinome était en cause dans 90% des patients. 

Parmi les 19 patients qui présentaient initialement un cancer de stade I-III, la moitié ont reçu une chimiothérapie adjuvante.

Parmi les 52 patients métastatiques dès le diagnostic initial, une chimiothérapie à base de platine a été le traitement administré en première ligne trois fois sur quatre. Aucun patient n’a reçu un traitement de première ligne par anti-BRAF. Parmi les 33 patients qui ont reçu une deuxième ligne de traitement métastatique, les anti BRAF et anti MEK ont été administrés une fois sur trois. Les autres patients ont reçu principalement soit une bithérapie avec du platine, soit du pemetrexed. Enfin sur l’ensemble des lignes, 20/52 (38%) patients ont reçu au moins un anti BRAF ou un anti MEK .

La durée médiane de survie des patients métastatiques depuis le diagnostic de métastases était de 31 mois. Elle était de 56 mois chez les patients ayant reçu un anti BRAF ou un anti MEK et de 27 mois chez les patients qui n’ont pas reçu de thérapeutique ciblée.

Enfin les patients qui ont bénéficié dans les 3 mois suivant le diagnostic de la recherche de mutation avaient une survie plus courte que ceux dont l’examen a été fait plus tardivement. 

La principale limitation de cette étude et qu’elle a été réalisé dans 7 centres académiques américains dans lesquels on sait que la survie des patients atteints de cancer broncho-pulmonaire métastatique est probablement meilleure que les patients pris en charge dans un centre non académique (cliquer ici). De ce fait, il serait hasardeux de conclure, comme on aurait envie de le faire à la lecture de ces résultats, que la survie des patients qui présentent une mutation BRAF V600 est supérieure à celle des autres patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules .

L’intérêt incontestable de cette étude est de démontrer que les patients qui reçoivent un traitement anti BRAF en deuxième ligne et plus, ont une survis plus longue que celle des patients qui n’ont reçu qu’une chimiothérapie. 

Enfin il peut paraître étonnant que les patients qui ont bénéficié du diagnostic de cette mutation dans les trois mois qui suivaient le diagnostic du cancer métastatique aient une survie plus courte que les autres. Cela est probablement le fait d’un biais de sélection : les patients qui ont un test tardif on très probablement un cancer plus lentement évolutif.

 

 

 

Reference

Real-world treatment patterns and survival of patients with BRAF V600-mutated metastatic non-small cell lung cancer.

Horn L, Bauml J, Forde PM, Davis KL, Myall NJ, Sasane M, Dalal A, Culver K, Wozniak AJ, Baik CS, Mutebi A, Zhang P, Wakelee HA, Johnson BE.

Lung Cancer2019; 128 : 74-90

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer