Journal of Thoracic Oncology

Nivolumab ou Docetaxel en deuxième ligne : un essai de phase III chinois, l’essai Checkmate 078.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2019

Immunothérapie

A l’inverse des inhibiteur de la tyrosine kinase (TKI) notamment de l’EGFR dont les premières études sont généralement réalisées en Asie puis «confirmées» sur les populations caucasiennes, cette fois c’est  le nivolumab en deuxième ligne chez les patients atteints de  cancer bronchique non à petites cellules dont l’efficacité a bien été démontrée sur des populations caucasiennes qui est testé maintenant versusDocetaxel dans une population de patients majoritairement Chinois.

Il s’agit de l’essai Checkmate 078,  essai de phase III randomisé, en ouvert, qui concernait des patients issus de 32 centres en Chine, Russie et Singapour. Il a comparé le nivolumab administré à 3 mg/kg  toutes les deux semaines (chez 338 patients) au Docetaxel administré à 75 mg/m2 toutes les 3 semaines (chez 166 patients). Les patients avaient progressé après une première ligne à base de platine. Tous les types histologiques étaient inclus (stratification sur l’histologie) quel que soit le niveau d’expression de PDL1 (stratification là aussi PDL1 >1% versus<1%) mais les patients porteurs de mutations EGFR ou de réarrangement de ALK n’étaient pas incluables.  

L’objectif principal de l’essai était la survie, les objectifs secondaires comportant la survie sans progression et les taux de réponses, mais également l’efficacité en fonction des sous-groupes (Chinois versusnon-Chinois, PS, Histologie, statut PDL1…). 

Au total, 89% des patients inclus étaient Chinois, 79% étaient de sexe masculin, l’âge médian était de 60 ans dans les deux bras, 60% avaient un CBNPC non-épidermoide et 55% avaient un statut PDL1>1%. Les principales caractéristiques des patients étaient correctement réparties. Le suivi médian était de 10.4 mois pour le bras nivolumab et 8.8 mois pour le bras Docetaxel.

La délivrance du traitement a finalement été assez courte (médiane de 6 cycles pour le nivolumab soit 2.5 mois et 2 cycles pour le docetaxel soit 1.3 mois). 

En terme de survie globale (objectif principale de l’essai) on note une différence significative en faveur du nivolumab avec 12.0 mois versus9.6 mois avec le docetaxel (HR: 0,68; 97,7% CI: 0,52–0,90; p= 0.0006), et une survie à un an de 50% versus39%. Ces résultats sont en phase avec ceux retrouvés dans les essais princeps Checkmate 017 (cliquer ici) et 057 (cliquer ici)

Pour les patients atteints de cancer non-épidermoide, l’ampleur du bénéfice semble moindre, avec une OS de 11.9 mois sous nivolumab et 10.2 mois sous docetaxel (HR: 0,76; 95% CI: 0,56–1,04). De même, ce sont surtout les patients PDL1 positifs qui tirent bénéfice du nivolumab (OS de 12,3 mois avec le nivolumab contre 7,9 mois avec le docetaxel (HR: 0,62; 95% CI: 0,45–0,87) alors que le bénéfice semble moins net mais néanmoins présent chez les patients PDL1 négatifs (11,4 mois versus10,2 mois HR: 0,75; 95% CI: 0,52–1,09).

La plupart des effets secondaires étaient de grade 1 et 2. La part des patients ayant eu des effets secondaires de grades 3 ou plus, était supérieure dans le bras docetaxel (48%) par rapport au bras nivolumab (10%). Les principales toxicités sous nivolumab étaient cutanées (21%), hépatiques (18%) et endocrine (9%). 

Il s’agit donc du troisième essai qui confirme la supériorité du nivolumab sur le docetaxel en deuxième ligne de CBNPC, quelle que soit l’histologie et quel que soit le statu PDL1. Contrairement à ce que pouvait laisser entendre le titre, il n’y finalement que peu de détails concernant les patients Chinois. On notera que l’efficacité est retrouvée chez les patients Chinois ou non Chinois, et qu’il n’y a pas de différence de toxicité selon l’ethnie.  

 

 

 

 

Reference

Nivolumab Versus Docetaxel in a Predominantly Chinese Patient Population With PreviouslyTreated Advanced NSCLC: CheckMate 078 Randomized Phase III Clinical Trial.

Wu YL, Lu S, Cheng Y, Zhou C, Wang J, Mok T, Zhang L, Tu HY, Wu L, Feng J, Zhang Y, Luft AV, Zhou J, Ma Z, Lu Y, Hu C, Shi Y, Baudelet C, Cai J, Chang J.

J Thorac Oncol2019; 14 : 867-87

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