British Journal of Cancer

Pazopanib en maintenance dans les cancers bronchiques à petites cellules : une étude randomisée de phase II

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2018

Thérapeutique ciblée, Cancers à petites cellules

Le pazopanib est un inhibiteur de l’angiogenèse qui cible VEGFR 1, 2 et 3, des récepteurs du facteur de croissance plaquettaire (PDGFR α et β) et le récepteur de c-Kit qui est enregistré dans le cancer du rein métastatique et certains sarcomes des tissus mous.  Dans le cancer du poumon non à petites cellules, ce traitement a été principalement exploré en péri-opératoire, d’abord en néoadjuvant dans un essai de phase II dans lequel une réduction tumorale avait été observée  après un court traitement chez 30 des 35 patients enrôlés dans l’essai (cliquer ici). Ensuite ce traitement a été exploré par l’IFCT en adjuvant chez des patients ayant été opéré d’un cancer bronchique non à petites cellules de stade I.  Les résultats de cette étude ont été publiés il y a un an (cliquer ici). D’autres essais ont été conduits dans les cancers disséminés qu’il s’agisse des cancers bronchiques non à petites cellules ou des cancers bronchiques à petites cellules.

L’étude publiée ici porte sur des patients atteints de cancers bronchiques à petites cellules disséminés chez lesquels le rôle du pazopanib en maintenance est exploré.

Cette étude est une étude de phase II multicentrique qui a été réalisée dans 7 hôpitaux de Corée du Sud. Les patients éligibles devaient avoir un cancer bronchique à petites cellules disséminé non progressif après 4 cycles de chimiothérapie. Stratifiés sur leur PS et sur le fait qu’ils avaient ou non reçu une radiothérapie cérébrale prophylactique, ils étaient randomisés sur un mode 1/1 pour recevoir soit du pazopanib à 800 mg, soit un placebo. Cette randomisation avait lieu entre 21 et 42 jours après le J1 du quatrième cycle de chimiothérapie.

L'objectif principal de cette étude est la survie sans progression. Les objectifs secondaires étaient la survie globale et la toxicité. A partir de données historiques le taux de survie sans progression attendu dans le bras standard était de 20%. Le taux espéré dans le bras pazopanib étant de 40%, il fallait randomiser 96 patients.

A partir de 101 patients qui ont été screenés, 97 ont été randomisés, 50 dans le bras pazopanib et 47 dans le bras placebo. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties. L’âge médian était de 67 ans. La plupart étaient des hommes fumeurs et presque tous présentaient une réponse partielle après une chimiothérapie par cisplatine ou carboplatine et étoposide.

Les toxicités les plus fréquentes du bras expérimental était la thrombopénie (56%, dont 10% de grades 3-4), les perturbations du bilan hépatique (46% dont 10% de grade 3), l’anorexie (42%) les protéinuries (33%), les lésions cutanées (33%), les diarrhées (32%), la fatigue (29% dont 6% de grade 3), les stomatites (25%, des thyroïdites (23%) une dyspepsie (21%), et une HTA (17% dont 6% de grade 3). Au total une réduction de doses a été réalisée chez 25 (52 %) patients du bras expérimental.

Avec un suivi médian supérieur à 30 mois la survie sans progression était significativement supérieure dans le bras expérimental :

 

Pazopanib

Placebo

p

PFS médiane (mois) (95% CI)

3,7 (3,5-3,8)

1,8 (1,8-1,9)

 

HR de PFS (95% CI)

0,44 (0,29-0,69)

0,0001

PFS ≥ 6 mois  (%)

18,8

4,4

 

Survie globale médiane (mois)

10,6 (8,4-12,7)

12,9 (10,1-15,7)

 

HR de survie (95% CI)

1,14 (0,74-1,76)

0,54

On retiendra donc de cette étude de phase II qu’une importante augmentation de survie sans progression a été observée (HR=0,44). Pourquoi cette augmentation  ne s’est-elle pas traduite par une augmentation de survie globale ? Il est possible que ceci soit en partie lié au fait que 5 patients du bras expérimental n’ont pas reçu de chimiothérapie au moment de la progression. On note d’ailleurs que tous sont morts dans les 3 mois alors que c’était le cas de seulement 1 du groupe placebo. Les auteurs disent à juste titre qu’on a besoin maintenant d’une étude de phase III : nous n’en avons pas trouvée sur ClinicalTrials.gov

 

 

 

 

 

 

Reference

Pazopanib maintenance after first-line etoposide and platinum chemotherapy in patients with extensive disease small-cell lung cancer: a multicentre, randomised, placebo-controlled PhaseII study (KCSG-LU12-07).

Sun JM, Lee KH, Kim BS, Kim HG, Min YJ, Yi SY, Yun HJ, Jung SH, Lee SH, Ahn JS, Park K, Ahn MJ.

Br J Cancer 2018; 118 : 648-653

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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