Annals of Oncology

Pazopanib en traitement adjuvant dans les stades précoces : publication des résultats de l’essai IFCT-0703

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2017

Thérapeutique ciblée, Traitement péri-opératoire, Chirurgie

Le pazopanib est un inhibiteur de l’angiogenèse qui cible VEGFR 1, 2 et 3, des récepteurs du facteur de croissance plaquettaire (PDGFR α et β) et le récepteur de c-Kit qui est enregistré dans le cancer du rein métastatique et certains sarcomes des tissus mous.   Son administration en néoadjuvant  avait été explorée dans un essai de phase II dans lequel une réduction tumorale avait été observée  après un court traitement chez 30 des 35 patients enrôlés dans l’essai (cliquer ici) . Néanmoins dans cette étude la toxicité n’était pas négligeable et la pauvreté des données disponibles a conduit à mener cette étude chez les patients opérés de cancers bronchiques non à petites cellules de petits stades.

Cette étude a été promue par l’IFCT et conduite en double aveugle en comparant pazopanib à 800 mg/jour pendant 6 mois et placebo. Pour être inclus, les patients devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules opéré de stade I, un PS à 0 ou 1, des fonctions hématologique, hépatique et rénale ainsi qu’une coagulation normales.  Ils étaient stratifiés selon le type histologique épidermoïde ou non épidermoïde et devaient commencer leur traitement entre 4 et 8 semaines après l’intervention.

L’objectif principal de cette étude de phase II était la compliance : les patients étaient jugés compliants s’ils recevaient leur traitement au moins durant 12 semaines et un taux de compliance ≤60% était considéré comme inacceptable.  Les objectifs secondaires étaient la survie globale, la survie sans récidive, la toxicité et la qualité de vie.

Après les 64 premiers patients l’IDMC[1] a recommandé de réduire la dose de pazopanib à 400 mg/jour.

De mars 2009 à aout 2012, 143 patients ont été randomisés par 29 centres. Un patient a été inéligible pour défaut de consentement. Cinq patients (3 dans le groupe placebo et 2 dans le groupe pazopanib) ont retiré leur consentement et ont été perdus de vue. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties et le suivi médian était de 47 mois. Il n’y avait que 8% de non fumeurs et une majorité d’adénocarcinome (75%) et de cancers de stade IA (80%).

Les résultats concernant l’objectif principal, la compliance, sont résumés ci-dessous :

 

Compliance (%)

Durée médiane de traitement (semaines)

Première partie de l’étude

 

 

800 mg/jour de pazopanib

38

7,2

Placebo

88

24,1

Deuxième partie de l’étude

 

 

400 mg/jour de pazopanib

69

22,6

Placebo

93

24,3

 Les toxicités étaient plus fréquentes et plus sévères dans les bras pazopanib que dans les bras placebo, notamment diarrhée (62 vs 27% à 800 mg et 66 vs 25% à 400 mg, fatigue 59 vs 46% et 81 vs 50% et HTA (54 vs 27 % et 50 vs 7%). A 800 mg, l’effet de grade 3 et 4 le plus fréquent était l’élévation des transaminases, non observée à 400 mg.

Neuf décès sont survenus dans le bras pazopanib et 5 dans le bras placebo. Tous étaient secondaires à la récidive tumorale et 2 d’entre eux étaient rattachés à une toxicité cardiaque, une dans le bras pazopanib et l’autre dans le bras placebo.

Les taux de survie à cinq ans étaient de 83 % dans le bras pazopanib et 94 % dans le bras placebo. Cette différence n’était pas significative. Par ailleurs 30 patients ont eu des récidives, 17 dans le bras pazopanib et 13 dans le bras placebo.

Il y avait significativement plus données de qualité de vie disponibles dans le bras placebo (86%) que dans le bras pazopanib (56%) et des différences significative d’âge existaient de sorte que ces données sont peu interprétables.

Les résultats négatifs de cette étude n’ont bien sûr pas débouché sur un passage en phase III. Actuellement l’IFCT collabore à un essai international d’mmunothérapie adjuvante, l’essai IFCT 1401-BR31 (cliquer ici).

 

 

[1] independent data monitoring committee

 

Reference

Pazopanib or placebo in completely resected stage I NSCLC patients: results of the phase II IFCT-0703 trial.

Besse B, Mazières J, Ribassin-Majed L, Barlesi F, Bennouna J, Gervais R, Moreau L, Berard H, Debieuvre D, Molinier O, Moro-Sibilot D, Souquet PJ, Jacquot S, Petit L, Lena H, Pignon JP, Lacas B, Morin F, Milleron B, Zalcman G, Soria JC; Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique (IFCT)..

Ann Oncol. 2017 Feb 23. doi: 10.1093/annonc/mdx070. [Epub ahead of print]

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