Lancet Respiratory Medicine

Pembrolizumab chez les patients dont le PS est à 2 : PePS2, une étude de phase II

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2020

Immunothérapie, Mauvais PS

Nous ne savons pas pour l’instant si les résultats qui ont été obtenus chez les patients de PS 0 et 1 sont applicables aux patients de PS2 et pour le savoir nous avons besoin d’études cliniques prospectives (cliquer ici). L’étude PePS2 dont les résultats sont présentés ici est donc particulièrement intéressante, notamment parce qu’elle a inclus des patients dont le PS a été mesuré de façon rigoureuse. 

Cet essai prospectif est un essai de phase II monobras dans lequel étaient inclus des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules, avec un PS à 2, recrutés dans 10 hôpitaux britanniques. Ils étaient stratifiés sur leur expression de PD-L1 (<1%, 1-49% et  ≥50%) et sur leur ligne de traitement (première ou deuxième et plus). Le PS à 2 devait être stable depuis au moins 2 semaines. Seule l’expression de PD-L1 était requise, le testing moléculaire n’était pas exigé. Enfin les patients ne devaient pas avoir de métastases cérébrales non traitées et ne devaient pas avoir reçu de traitement immunosuppresseur dans les 7 jours précédant la première dose de pembrolizumab.  Ils recevaient 200 mg toutes les 3 semaines de pembrolizumab.

Deux objectifs principaux étaient définis : 1) le bénéfice clinique durable,  défini par une réponse complète ou partielle ou une stabilité durant au moins 18 semaines et 2) la toxicité, définie par la survenue d’un événement qui retardait le traitement ou conduisait à son arrêt.  Les objectifs secondaires incluaient les taux de réponse, la survie sans progression, la survie globale ainsi que la qualité de vie rapportée par le patient.

En un an, l’éligibilité de 112 patients a été examinée et 60 patients ont été inclus et suivis pendant une durée médiane de 10 mois. L’âge médian de ces malades était de 72 ans, il y avait 68 % d’adénocarcinomes, les expressions de PDL1 était dans les trois catégories définies plus haut de 45 % 25 % et 25 %. Il était inconnu chez 5% des malades. Quarante % des patients ont reçu le pembrolizumab en première ligne et les autres en deuxième ligne ou plus. L’index de Charlson était de 8 à 10 chez plus de la moitié des malades. 

On voit sur le tableau ci-dessous qu’un bénéfice clinique a été objectivé chez 37 % des malades et une toxicité (selon la définition décrite plus haut) chez 28 %. On voit également que la ligne de traitement influençait peu ces résultats alors que le statut PD-L1 avait une influence importante.

 

Bénéfice clinique durable (%)

Toxicité (%)

Réponses (%)

PFS médiane (mois)

Survie médiane (mois)

Tous (n=60)

37

28

27

4,4

9,8

Ligne de traitement 

 

L1

38

29

21

4,3

7,9

 

L2 et +

36

38

31

4,4

10,4

PDL1

 

<1%

22

26

11

3,7

8,1

 

1-49%

47

13

33

8,3

12,6

 

≥ 50%

53

40

47

12,6

14,6

On notera aussi qu’aucune toxicité attribuée au traitement de grade 5 n’a été observée et qu’aucun décès précoce n’a été attribué à une hyperprogression. 

Ajoutons enfin que la durée médiane de réponse en première ligne était de 12,6 mois et en deuxième et plus de 14,6 mois. L’analyse des symptômes rapportés par les patients et des scores de qualité de vie montrait que, chez les patients qui restaient sous traitement et étaient vivants, ces scores se sont améliorés sous traitement. 

Cette étude de phase II démontre donc que, quelle que soit la ligne de traitement, un certain nombre de patients, - et principalement ceux qui expriment PD-L1 - , peuvent incontestablement bénéficier du pembrolizumab. Parce qu’il s’agit d’une étude de phase II et parce que le nombre de patients inclus est réduit, il faudra rester attentif aux résultats des études ultérieures menées avec d’autres immunothérapies. 

 

 

Reference

Pembrolizumab in patients with non-small-cell lung cancer of performance status 2 (PePS2): a single arm, phase 2 trial.

Middleton G, Brock K, Savage J, Mant R, Summers Y, Connibear J, Shah R, Ottensmeier C, Shaw P, Lee SM, Popat S, Barrie C, Barone G, Billingham L.

Lancet Respir Med 2020. Online ahead of print.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer