Journal of Thoracic Oncology

Peut-on améliorer la chimiothérapie par la prise en compte des résultats de la TEP-FDG ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2016

Imagerie métabolique, Traitement des stades III, Chirurgie

La chimiothérapie néo-adjuvante prolonge significativement la survie des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules opérables. Ceci a été démontré de façon définitive par une méta-analyse sur données individuelles que nous avons commentée sur ce site il y a deux ans (cliquer ici).

Pour tenter d’améliorer encore ce bénéfice, les auteurs de cet article ont conduit une étude prospective monocentrique  de phase II dans laquelle ils ont cherché à s’aider de la TEP-FDG pour apprécier précocement la réponse et modifier le traitement néo-adjuvante-adjuvant en cas d’inefficacité.

Méthodes

Pour être inclus, les patients devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules de stade IB à IIIA, un PS (Karnofsky) d’au moins 70%  et être opérables.

Après un bilan initial comportant un TEP-FDG, ils recevaient deux cycles d’un doublet associant du platine et du pemetrexed (adénocarcinomes) ou de la gemcitabine (épidermoïdes) puis une deuxième TEP-FDG était réalisée.

S’ils avaient une diminution du pic de SUV supérieure à 35% ce traitement était poursuivi

S’ils avaient une diminution du pic de SUV inférieure à 35%, ils étaient considérés comme non répondeurs et recevaient une deuxième ligne de chimiothérapie par docetaxel et vinorelbine.

L’objectif était le taux de réponse à l’association docetaxel et vinorelbine chez les patients initialement non-répondeurs à la chimiothérapie initiale et la possibilité pour eux de recevoir la chimiothérapie de deuxième ligne.

Résultats

Quarante malades ont été inclus donc 65 % de femmes, un âge moyen à 63 ans et 38 pour 38 fumeurs ou anciens fumeurs. La majorité des patients (80 %) avaient un cancer de stade IIIA-N2).

Les résultats concernant les 40 malades inclus sont résumés dans le tableau ci dessous :

40 patients traités par 2 cycles de DDP+PEM ou GEM

Diminution SUV>35%

(n=25)

Poursuite de la même chimiothérapie (n=23)

Chirurgie

(n=20)

Sortie d’étude (n=2)

 

Diminution SUV<35%

(n=15)

Vinorelbine et Docetaxel (n=13)

Chirurgie (n=12)

Sortie d’étude (n=2)

 

Parmi les 32 interventions réalisées, 29 étaient classées R0, une R1 et 2 R2. Aucun patient n’a été rendu inopérable par une toxicité imputable à la chimiothérapie.

Six patients ont eu une réponse jugée « majeure » c’est à dire estimée à 90%. Cinq de ces 6 réponses ont été observées chez les 25 patients ayant une réponse à la TEP-FDG >25%.

Six des 29 patients classés cN2 étaient pN0 et 2 pN1.

Quelques données de DFS sont fournies, mais la durée de suivi est très courte.

Cette étude a surtout pour intérêt de montrer qu’une chimiothérapie néo-adjuvante « adaptative » est faisable et ne compromet pas la chirurgie. Beaucoup de questions demeurent néanmoins : pourquoi avoir choisi ce traitement de deuxième ligne ? Pourquoi avoir choisi la TEP-FDG pour apprécier la réponse alors que cet examen n’est pas validé (cliquer ici) ? Pourquoi avoir choisi ce seuil de 35% ? Et surtout, cette stratégie est-elle utile ? Le fait qu’elle soit faisable signifie en tout cas qu’une première étape est franchie ouvrant la porte à d’autres études de ce type avec d’autres traitements. 

Reference

Adaptive Neoadjuvant Chemotherapy Guided by (18)F-FDG PET in Resectable Non-Small Cell Lung Cancers: The NEOSCAN Trial.

Chaft JE, Dunphy M, Naidoo J, Travis WD, Hellmann M, Woo K, Downey R, Rusch V, Ginsberg MS, Azzoli CG, Kris MG.

J Thorac Oncol 2016 ; 11 : 537-44

 

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer