Journal of Thoracic Oncology

Peut-on se servir de modèles pronostiques pour la décision d’un traitement périopératoire ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2018

Traitement péri-opératoire, Chirurgie

Le but de cette étude italienne est de valider un modèle pronostique antérieurement créé sur la base d’une analyse multivariée et publié en 2015 (cliquer ici pour un accès gratuit). L’analyse de l’impact de la chimiothérapie péri-opératoire était également l’un des objectifs de cette étude. 

Les données de 1375 patients opérés d’un cancer épidermoïde pendant une dizaine d’années dans 6 institutions italiennes ont été utilisées pour ce travail. Leur âge médian était de 68 ans, 86% étaient de sexe masculin, Près des 2/3 avaient une tumeur de stade I et II et 52% n’avaient pas d’extension ganglionnaire décelée après un curage ganglionnaire qui dans plus de 60% des cas portait sur plus de 10 ganglions. Les ¾ avaient été opérés par lobectomie ou bilobectomie, et le dernier quart par pneumonectomie. Parmi ces patients, 18,5 % avaient reçu une chimiothérapie néoadjuvante, 18,5% une chimiothérapie adjuvante et 6,8% une radiothérapie adjuvante (mais on ne savait pas dans 12 et 19% des cas si ces malades avaient reçu un  traitement néoadjuvant ou adjuvant.

Les critères du modèle précédemment décrit (bas risque, risque intermédiaire et haut risque de survie sans récidive (DFS) à 3 ans) ont été appliqués sur 1097 patients évaluables pour l’analyse de la survie avec un suivi médian de 55 mois.  Dans ces conditions la survie sans récidive à 5 ans était significativement plus longue chez les patients à bas risque que chez les patients à risque intermédiaire (HR = 1,67, 95% CI : 1,40-2,01) et à haut risque (HR = 2,46, 95% CI : 1,90-3,19). Les taux de DFS à 5 ans étaient chez les patients à bas risque à 51%, à risque intermédiaire à 33% et à risque élevé à 26% (p<0,0001). De même, il existait une différence significative de survie (57, 38 et 31%) et de survie spécifique à 5 ans (83, 65 et 53%).

La survie spécifique tendait (p =0,06) à être améliorée par la chimiothérapie adjuvante ou néoadjuvante chez les patients à risque élevé et intermédiaire (72 vs 60% à 5 ans) mais en revanche elle ne l’était pas chez les patients à bas risque. 

Il nous semble difficile d’utiliser ces résultats dans la pratique quotidienne car ils émanent d’études rétrospectives et sont basés sur des paramètres qui ne sont pas utilisés de façon uniforme (grade histologique par exemple) et qui sont déjà anciens (7éme classification). Cependant ces données permettent de réfléchir aux critères pronostiques qui doivent être pris en compte pour une stratification dans de futures études prospectives. 

     

 

Reference

Prognostic Model for Resected Squamous Cell Lung Cancer: External Multicenter Validationand Propensity Score Analysis exploring the Impact of Adjuvant and Neoadjuvant Treatment.

Pilotto S, Sperduti I, Leuzzi G, Chiappetta M, Mucilli F, Ratto GB, Lococo F, Filosso PL, Spaggiari L, Novello S, Milella M, Santo A, Scarpa A, Infante M, Tortora G, Facciolo F, Bria E.

J Thorac Oncol2018; 13 : 568-575

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer