Journal of Thoracic Oncology

Pneumopathie sous immunothérapie : une étude rétrospective

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2019

Immunothérapie, Effets secondaires des médicaments

Les principales données dont on dispose concernant les pneumopathies en relation avec l’immunothérapie émanent d’études cliniques et nous avons commenté déjà plusieurs articles sur ce sujet, qu’il s’agisse de cas cliniques (cliquer ici), de revues de cas  (cliquer ici) ou de revues générales sur les événements secondaires immunologiques rapportés à l’immunothérapie (cliquer ici).

Les auteurs de cet article ont voulu définir les caractéristiques et les modalités évolutives de ces pneumopathies dans une population comportant des patients traités en dehors des essais cliniques. Ils ont donc réalisé une étude rétrospective qui a porté sur des patients traités par une immunothérapie anti PD-1 ou PD-L1 au John Hopkins Hospital de 2007 à 2017.  

Le diagnostic de pneumopathie liée à l’immunothérapie a été porté par l’oncologue du malade et confirmé par un comité multidisciplinaire auquel participaient un pneumologue, un radiologue et un deuxième oncologue. On nous indique qu’ont été exclus de cette étude les patients qui avaient un cancer bronchique à petites cellules, une infection confirmée (fièvre, hyperleucocytose, culture du lavage ou de l’expectoration), une progression, une insuffisance cardiaque ou toute autre étiologie alternative. 

Sur 205 patients inclus dans cette étude, 39 (19%) ont eu une pneumopathie en relation avec l’immunothérapie. Aucun facteur clinique (âge, sexe, origine ethnique, tabagisme, type histologique, stade, notion de chimiothérapie ou de chirurgie antérieures) n’était prédictif de pneumopathie. 

Les auteurs ont constaté que davantage de cas survenaient durant les mois d’hiver et les femmes seraient plus exposées à ces pneumopathies (1,34) mais de façon non significative. 

Les patients atteints de cancer épidermoïde ont eu significativement plus de pneumopathies que ceux qui présentaient un adénocarcinome.

En ce qui concerne l’immunothérapie et les traitements qui lui étaient associés :

-      160 malades ont reçu du nivolumab, 36 ont eu une pneumopathie 

-      23 ont reçu du pembrolizumab, 2 ont eu une pneumopathie

-      Et 11 ont reçu du durvalumab, et 1 a eu une pneumopathie.

Ces différences n’atteignaient pas la significativité. 

Les traitements associés étaient peu nombreux : 8/19 malades qui recevaient en même temps un anti CTLA4 ont développé une pneumopathie mais ces différences n’atteignaient pas non plus la significativité.  

La plupart des images de pneumopathies présentaient au scanner plusieurs anomalies associées : verre dépoli, condensation, épaississement des septa, bronchectasies de traction.

Ces pneumopathies étaient de gravité [1]et d’évolution très variables: 

  • 14 (35,8%) cas de grade 2 
  • 17 (43,5%) cas de grade 3 
  • 2 (5,1%) cas de grade 4 
  • Et 5 (12,8%) cas de grade 5.

Tous les patients ont reçu une corticothérapie d’au moins 1 mg/kg de prednisone   Dans 22 cas (56,3%) la situation s’est améliorée, dans 5 cas (12,8%) elle est restée stable et dans 9 cas (12,8%) elle s’est aggravée malgré cette corticothérapie. La plupart (10/14) des patients dont la pneumopathie restait inchangée ou s’aggravait avaient débuté leur pneumopathie dans les 200 premiers jours et 3 recevaient une association d’immunothérapie.

On retiendra de cette étude rétrospective que les pneumopathies sont plus fréquentes qu’on pouvait le penser et  qu’elles surviennent  significativement  plus souvent chez les malades atteints de cancer épidermoïde. Elles seraient aussi plus fréquentes chez les femmes et pendant les mois d’hiver.  Enfin les formes les plus précoces seraient les moins sensibles au traitement. Quant aux traitements associés, il est probable que les doubles immunothérapies augmentent la fréquence de ces pneumopathies mais on ne peut rien dire concernant les associations d’immunothérapie et de chimiothérapie car elles ne concernent dans cette étude que 6 malades. 

 

 

 

[1]Grades de pnemopathie (CTCAE) :

Grades

1

2

3

4

5

Asymptomatique

Diagnostic clinique

Pas d’exploration ou de traitement 

Symptomatique

Intervention médicale indiquée 

Limitation des activités quotidiennes 

Symptômes sévères

Limitation des activités quotidiennes Oxygénothérapie

Symptômes sévères mettant la vie en danger.

Indication urgente à l’intubation ou la trachéotomie

 

Décès 

 

Reference

Pneumonitis in Non-Small Cell Lung Cancer Patients Receiving Immune CheckpointImmunotherapy: Incidence and Risk Factors.

Suresh K, Voong KR, Shankar B, Forde PM, Ettinger DS, Marrone KA, Kelly RJ, Hann CL, Levy B, Feliciano JL, Brahmer JR, Feller-Kopman D, Lerner AD, Lee H, Yarmus L, D'Alessio F, Hales RK, Lin CT, Psoter KJ, Danoff SK, Naidoo J.

J Thorac Oncol2018; 13 : 1930-1939

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer