Lancet oncology

Pour la première fois un traitement efficace chez les KRAS mutés

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2013

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV

Il y a quelques jours nous commentions ce que l’ASCO considérait comme les avancées majeures et notables en oncologie thoracique de l’année 2012. L’une des avancées notables était une étude internationale de phase II comparant en deuxième ligne chez des patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules de stades IIIB-IV et mutés KRAS l’association selumetinib et docetaxel au seul docetaxel. Cette étude avait été rapportée lors du dernier congrès de l’ASCO. Voici qu’elle vient d’être publiée dans le numéro de janvier du Lancet Oncology, ce qui nous permet d’apporter quelques précisions.

C’est donc une étude internationale de phase 2 répartie sur 67 centres dans 12 pays. C’est une étude à promotion industrielle (Asra-Zeneca).

Les patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules de stade IIIB-IV mutés KRAS et progressant après une première ligne de traitement étaient donc randomisés pour cette étude menée en double aveugle en deux bras :

  • Docetaxel 75mg/m2 (J1=J22) et selumetinib (75m 2 fois par jour),
  • ou docetaxel 75mg/m2 (J1=J22) et placebo.

L’objectif principal était la survie globale calculée de la date de randomisation au décès (la première analyse planifiée l’était à 58 événements). Les objectifs secondaires étaient la PFS, le taux de réponse et les symptômes.

En un peu plus d’un an 422 patients ont été screenés et 87 (21%) ont été randomisés, pour les autres le statut KRAS était négatif ou indéterminé. Un patient inclus dans le groupe docetaxel est mort avant d’avoir reçu le placebo : il a été exclu de l’analyse concernant la toxicité. Quatre autres patients ont été exclus parce que la mutation KRAS n’était pas confirmée. Plus de 5% des patients ont donc été exclus a posteriori de l’analyse. 

Les résultats en terme d’efficacité ont montré d’importantes différences concernant les taux de réponse et la PFS. La survie globale était également augmentée mais de façon non significative.

 

Selumetinib

Placebo

p

Survie globale médiane (mois)

9,4

5,2

0,21

PFS médiane (mois)

5,3

2,1

0,014

Réponse partielle (%)

37

0

<0,0001

Stabilité à ≥6 semaines (%)

44

50

 

En ce qui concerne la toxicité, la proportion de SAE était plus élevée dans le groupe expérimental.

Les toxicités de grade 3–4 les plus fréquemment observées dans le groupe expérimental étaient les neutropénies, fébriles ou non et l’asthénie.

Les effets adverses de tout grade, plus fréquents dans le groupe expérimental, étaient les neutropénies, les diarrhées, les nausées, les vomissements, les œdèmes, les rashs cutanés et les stomatites.

Quatre effets adverses entraînant le décès, ont été déclarés dans chaque groupe, aucun n’étant reconnu par les investigateurs comme en lien avec le traitement. 

 

Comme le soulignent les auteurs de cet article et ceux de l’éditorial inclus dans ce même numéro du Lancet Oncology, ces résultats doivent être confirmés en phase III. Il n’en reste pas moins que c’est la première fois qu’un résultat thérapeutique positif est montré chez des patients porteurs de cancers bronchiques non à petites cellules KRAS mutés. 

Reference

Selumetinib plus docetaxel for KRAS-mutant advanced non-small-cell lung cancer: a randomised, multicentre, placebo-controlled, phase 2 study.

Jänne PA, Shaw AT, Pereira JR, Jeannin G, Vansteenkiste J, Barrios C, Franke FA, Grinsted L, Zazulina V, Smith P, Smith I, Crinò L.

Lancet Oncol 2013 : 14 ; 38-47 

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