Journal of Thoracic Oncology

Poursuivre l’immunothérapie après la progression ? Une analyse de l’étude OAK

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2018

Immunothérapie

Les traitements post progression après immunothérapie anticancéreuse (IO) font l’objet de nombreuses publications. Certaines publications de case reports de réponses exceptionnelles sous monothérapie cytotoxique après IO, laissaient penser qu’une chimiothérapie après IO pouvait bénéficier d’une potentialisation par le traitement antérieur. Plus tard, c’était plutôt une réponse tardive à l’immunothérapie qui était évoquée pour expliquer ces réponses « trop belles ».  La tentation est grande alors, lorsque la progression se fait dans un contexte où l’état général est conservé, de tenter de continuer l’IO au-delà de la progression.

Cette stratégie pourrait effectivement être la bonne dans un grand nombre de cas, à en croire la publication de Gandara et al qui revient sur les caractéristiques de ces patients traités au-delà de la progression (TPD) dans l’étude OAK qui comparait en deuxième ligne l’atezolizumab au docetaxel chez des patients CBNPC quelle que soit l’histologie et tout statut PDL1 confondu (cliquer ici).

Parmi les patients du bras atezolizumab, à la date de point, avec un suivi médian de 21 mois, 332 (78%) ont progressé.  Parmi eux, 

  • 168 (51%) ont continué l’atezolizumab, 
  • 94 (28%) ont reçu un autre traitement (incluant une autre immunothérapie pour 2%) 
  • et 70 patients (21%) n’ont plus reçu de traitement après l’atezolizumab. 

Les survies à 1 an et 18 mois étaient respectivement de 53%, 40%, 9% et 37%, 20%, 9%.

Les patients qui ont reçu l’atezolizumab TPD, avaient reçu un nombre médian de 3 cycles en 2.1 mois avant de progresser et ont été traités, toujours en médiane, par 3 cycles supplémentaires (en 1.5 mois). Il n’y a pas de différence de statut PDL1 entre les patients traités TPD qui ont répondu (par rapport à la nouvelle base line établie au moment de la progression) (7%) par rapport à ceux qui sont restés stables (49%). 

Le rapport bénéfice risque de continuer l’atezolizumab est favorable et le profil de toxicité est gérable. Il n’y a pas plus de toxicité grave lors du traitement au-delà de la progression. En revanche, il n’y a pas non plus de corrélation, semble t-il, entre la survenue d’une toxicité et un meilleur devenir du patient. 

Ces données très intéressantes même si elles gardent les caractéristiques d’une analyse rétrospective, montrent bien que nous ne savons probablement pas utiliser au mieux les IO et que l’on applique les règles que l’on connaissait avec les chimiothérapies cytotoxiques. Elles montrent également que les taux de réponses et les survies sans progressions ne sont pas de bons éléments pour juger l’efficacité d’une IO.

Reference

Atezolizumab Treatment Beyond Progression in Advanced NSCLC: Results From the Randomized, Phase III OAK Study.

Gandara DR, von Pawel J, Mazieres J, Sullivan R, Helland Å, Han JY, Ponce Aix S, Rittmeyer A, Barlesi F, Kubo T, Park K, Goldschmidt J, Gandhi M, Yun C, Yu W, Matheny C, He P, Sandler A, Ballinger M, Fehrenbacher L.

J Thorac Oncol2018; 13 : 1906-1918

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