Lancet oncology

Près de 150 malades traités par crizotinib : des résultats actualisés particulièrement intéressants.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2012

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV

Depuis que réarrangement ALK-EML4 a été décrit en 2007, et qu’ont été rapportés les premiers résultats de l’étude de phase I du crizotinib chez les patients dont l’adénocarcinome présentait  cette anomalie l’histoire du développement de cette molécule a été exemplaire par sa rapidité. En France dès 2010 l’INCa a financé la recherche de cette translocation et très vite le crizotinib a pu être prescrit,  d’abord dans le cadre d’essais thérapeutiques, puis d’ATU et bientôt de façon habituelle.

Cette étude accessible en ligne depuis quelques jours concerne les données actualisées chez 149 patients de l’étude initiale de phase 1 dans la quelle le premier patient avait été inclus en 2008 et dont les premiers résultats ont été publiés en 2010.

Les caractéristiques des patients ne sont pas très différentes de celles que nous connaissions :

  • une égalité d’hommes et de femmes,
  • le plus souvent non fumeurs (71%) mais aussi anciens fumeurs (28%).
  • Un âge moyen assez jeune (52 ans) mais pas toujours puisque 20 patients avaient plus de 65 ans.
  • Il s’agissait pratiquement toujours d’adénocarcinomes (97%) mais il faut savoir que dès que les facteurs prédictifs de translocation ont été connus, ce sont surtout les adénocarcinomes qui ont été screenés.
  • Le PS était ≥2 chez 12% des patients.
  • Le traitement par crizotinib était administré d’emblée (16%) ou après une (32%), deux (21%), trois (13%) ou quatre et plus (19%) lignes de traitement.

Les résultats du traitement ont été les suivants (sur 143 patients évaluables) :

  • il y a eu 87 (60,8%) réponses objectives, dont 3 réponses complètes.
  • Le taux de contrôle de la maladie (RC+RP+S) était de 82,5% à 8 semaines.
  • La durée médiane de réponse était de 49,1 semaines.
  • La proportion de répondeurs était identique que les malades aient plus ou moins de 65 ans, qu’ils soient de sexe masculin ou féminin. Ce taux de réponse était élevé même chez les patients à mauvais PS ou qui étaient traités après plusieurs lignes de traitement.  Il était plus élevé chez les patients d’origine asiatique.
  • La PFS médiane était de 9,7 mois, et de 18,3 mois chez ceux qui ont reçu du crizotinib en première ligne.
  • Actuellement la médiane de survie globale n’a pas été atteinte et les survies estimées à 6 et 12 mois sont de 87,9 et 74,8% .

Les effets secondaires sont fréquents mais dans la très grande majorité de grade 1 et 2, il s’agit :

  • d’effets visuels (traînées, rayures, flashes),
  • d’effets gastro-intestinaux (nausées, diarrhée, vomissements, constipation),
  • d’œdèmes périphériques,
  • d’anorexie, fatigue, dysgueusie etc…

Aucun décès survenu pendant l’étude n’a été attribué au traitement.

 

Cet article est accompagné d’un excellent éditorial de Nicolas Girard qui insiste sur l’importance de ces résultats et sur le très beau développement accéléré de cette drogue qui doit constituer un modèle. 

Reference

Activity and safety of crizotinib in patients with ALK-positive non-small-cell lung cancer: updated results from a phase 1 study.

Camidge DR, Bang YJ, Kwak EL, Iafrate AJ, Varella-Garcia M, Fox SB, Riely GJ, Solomon B, Ou SH, Kim DW, Salgia R, Fidias P, Engelman JA, Gandhi L, Jänne PA, Costa DB, Shapiro GI, Lorusso P, Ruffner K, Stephenson P, Tang Y, Wilner K, Clark JW, Shaw AT.

Lancet Oncol. 2012 Sep 3. [Epub ahead of print]

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