Lung Cancer

Prescription de cisplatine ou de carboplatine en Europe : de nouvelles données issues de l’étude FRAME

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2016

Traitement des stades IV

Nous avons à 2 reprises commenté sur ce site les résultats de l’étude FRAME qui est une étude non interventionnelle multicentrique européenne sponsorisée par les laboratoires Lilly et qui porte sur plus de 1500 patients traités de 2009 à 2011. La première publication portait sur l’ensemble des résultats (cliquer ici) . La deuxième apportait des données intéressantes spécifiques aux métastases cérébrales (cliquer ici).

Voici une troisième publication qui porte sur le choix du sel de platine, cisplatine ou carboplatine.

Sur les 1564 patients inclus dans l’étude, 1520 ont reçu soit du platine (n=825) soit du carboplatine (n=695) en combinaison avec le pemetrexed, la gemcitabine, les taxanes ou la vinorelbine. Le cisplatine était plus fréquemment associé à du pemetrexed et le carboplatine était plus fréquemment associé à un taxane.

Les caractéristiques des patients des deux groupes différaient significativement sur plusieurs points : ceux qui recevaient du cisplatine étaient significativement plus jeunes, avaient moins de comorbidités, avaient un meilleur PS, avaient plus de cancers non épidermoïdes et avaient moins maigri de plus de 10% de leur poids habituel.

La survie non ajustée de l’ensemble de la population était de 11,5 mois dans le bras cisplatine et 9 mois dans le bras carboplatine, sans qu‘on puisse dire si cette différence était liée à la répartition inégale des facteurs pronostiques ou à un effet bénéfique du cisplatine.

Seulement 42% des patients du groupe cisplatine et 50% de ceux du groupe carboplatine ont pu être comparés de façon ajustée. Chez ces derniers la survie médiane restait supérieure chez les patients traités par cisplatine, mais de façon non significative (10,8 vs 9,5 mois, p = 0,086).

Cette étude ne permet donc pas de confirmer avec certitude la supériorité du cisplatine dans la « vraie vie » comme elle a été démontrée dans les études cliniques. Son intérêt est de démontrer que les pneumo-oncologues européens s’appuient bien dans la « vraie vie » avec raison sur les données des études cliniques : lorsque leurs malades se rapprochent de ceux des études cliniques, il les traitent de façon logique par cisplatine. Quand leur PS est plus altéré, quand ils sont plus âgés ou quand ils ont davantage de comorbidités, ils choisissent le carboplatine. Le bon choix n’est sans doute ni de prescrire du cisplatine à tous les malades, ni de prescrire du carboplatine à tous les malades, mais d’adapter sa prescription aux caractéristiques cliniques des patients tout en tenant compte de la drogue associée au sel de platine.  

Reference

Cisplatin and carboplatin-based chemotherapy in the first-line treatment of non-small cell lung cancer: Analysis from the European FRAME study.

Smit E, Moro-Sibilot D, Carpeño Jde C, Lesniewski-Kmak K, Aerts J, Villatoro R, Kraaij K, Nacerddine K, Dyachkova Y, Smith KT, Girvan A, Visseren-Grul C, Schnabel PA.

Lung Cancer 2016; 92 : 35-40

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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