Journal of Clinical Oncology

Prescription simultanée d’inhibiteurs de la pompe à protons et d’Erlotinib,

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2016

Thérapeutique ciblée, Effets secondaires des médicaments

L’un des facteurs qui influencent le plus l’absorption de l’erlotinib est le pH intragastrique et l'association de l'erlotinib aux inhibiteurs de la pompe à protons doit être évitée car ces derniers sont susceptibles, en augmentant le pH intra-gastrique,  de diminuer les concentrations d’erlotinib et donc l’activité de ce traitement.

Un moyen pour éviter ces interactions pourrait être l’absorption de coca-cola qui abaisse de façon temporaire le pH intra-gastrique et pourrait ainsi augmenter l’activité de l’erlotinib comme il le fait pour le ketoconazole ou l’itraconazole.

Pour examiner cette hypothèse, les auteurs ont réalisé une étude randomisée avec cross-over dans laquelle 28 patients étaient répartis en 2 groupes qui recevaient

  • dans le groupe 1 de l’erlotinib pris avec soit 250 ml d’eau, soit 250 ml de coca-cola,
  • et dans le groupe 2 de l’erlotinib et de l’esomeprazole  également pris avec soit 250 ml d’eau, soit 250 ml de coca-cola,

Les patients qui recevaient de l’eau, la recevaient pendant 7 jours suivis de coca-cola les 7 jours suivants et inversement pour ceux qui recevaient initialement du coca-cola. 

Chez les patients traités par erlotinib et esomeprazole l’AUC moyenne et la concentration maxima d’erlotinib étaient significativement augmentées d’environ 40% lorsqu’ils recevaient du coca-cola. Chez ceux qui ne prenaient pas d’esomeprazole, l’AUC augmentait encore de 9% avec le coca-cola mais la concentration maxima restait comparable.

Lorsque l’administration d’inhibiteurs de la pompe à protons doit être envisagée chez les patients qui sont traités par erlotinib, il semble donc, à la lecture de cet article, qu’on puisse conseiller aux malades de boire du coca-cola pour prévenir une diminution d’activité de l’erlotinib.  Il reste à savoir si l’activité des inhibiteurs de la pompe à protons reste dans ce cas la même et surtout si l’absorption de coca cola ne va pas aggraver les symptômes de RGO qui sont souvent à l’origine de prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons ? Le plus simple n’est-il pas d’éviter de prescrire simultanément ces deux médicaments ? 

Reference

Influence of the Acidic Beverage Cola on the Absorption of Erlotinib in Patients With Non-Small-Cell Lung Cancer.

van Leeuwen RW, Peric R, Hussaarts KG, Kienhuis E, IJzerman NS, de Bruijn P, van der Leest C, Codrington H, Kloover JS, van der Holt B, Aerts JG, van Gelder T, Mathijssen RH.

J Clin Oncol. 2016 Feb 8. pii: JCO652560. [Epub ahead of print]

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