Journal of Clinical Oncology

PROFILE 1014 : la médiane de survie du bras crizotinib n’est toujours pas atteinte

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2018

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Nous avons commenté sur ce site il y a plus de 3 ans les résultats de l’étude PROFILE 1014 (cliquer ici). Cette étude comparait en première ligne un traitement par crizotinib à une chimiothérapie de référence par cisplatine ou carboplatine  et pemetrexed chez des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules non épidermoïdes de stade avancé ou métastatique avec une translocation ALK-EML4. La survie sans progression  médiane était de 10,9 mois dans le bras expérimental vs 7 mois dans le bras standard et le HR de progression ou décès sous crizotinib était à 0,45 (95% CI, 0,35 à 0,60; P<0,001) et ce pour tous les sous-groupes de patients. On notait à ce moment là que les données de survie n’étaient  pas matures et on craignait qu’il n’y ait pas de différence car 70% des patients du bras chimiothérapie avaient reçu en crossover du crizotinib. 

Le but de cette étude est de fournir les données de survie avec un temps de suivi médian de 45 mois. 

Le HR de survie est à 0,760 (95%CI : 0,54-1,05), p=0,097. La durée médiane de survie est encore non atteinte sous crizotinib et elle est à 47,5 mois sous chimiothérapie. Les probabilités de survie à un an et quatre ans sous crizotinib sont de 83, 5% et 56,6%. Elle sont à 78,4% et 49,1% à ces mêmes dates sous chimiothérapie.  

Chez les patients indemnes de métastases au diagnostic, la survie est significativement plus longue sous crizotinib.

Le nombre de patients ont reçu un traitement ultérieur diffère dans les deux bras :

  • C’est le cas de 92 (53,5%) des patients du bras crizotinib. Ils ont reçu en deuxième ligne une chimiothérapie (n=53)  ou un autre inhibiteur de la tyrosine kinase (alectinib, ceritinib, brigatinib, lorlatinib) (n=41) et l’inverse en troisième  ligne (25 et 23).
  • Et de 148 (86,5%) de ceux du bras chimiothérapie. Presque tous (n=144) ont reçu du crizotinib en deuxième  ligne  et ensuite en troisième   48 (28%) ont reçu un autre inhibiteur de la tyrosine kinase (alectinib, ceritinib, brigatinib, lorlatinib). 

Cette importante différence explique que la différence de survie n’atteigne pas la significativité et lorsque la survie est ajustée en fonction du crossover, la survie médiane est très supérieure pour le bras crizotinib (59,8 vs 19,2 mois) avec un HR à 0,34. 

Lors d’une analyse exploratoire quatre groupes de patients ont été constitués :

  • La meilleure survie (médiane non atteinte) est celle des patients du bras crizotinib qui ont reçu au moins un autre anti-ALK ensuite.
  • Ensuite ce sont les patients du bras chimiothérapie qui ont reçu au moins un anti-ALK ensuite (Médiane 49,5 mois).
  • Ensuite ce sont les patients du bras crizotinib qui n’ont pas reçu d’anti-ALK ensuite (médiane 20,8 mois). 
  • Enfin 3 patients du bras chimiothérapie n’ont pas reçu d’anti-ALK ensuite : leur médiane de survie est à 12,1 mois. 

Aucune nouvelle donnée concernant la toxicité n’est signalée. 

Ces résultats sont particulièrement importants et 3 points nous paraissent essentiels : 

  • Ils montrent une fois encore combien le fait de recevoir un anti-ALK améliore fortement la survie. 
  • Il montrent  aussi que les chiffres de survie sont encore augmentés, chez les malades qui ont reçu du crizotinib en première ligne, par l’addition d’un ou plusieurs autres anti-ALK : la médiane de survie de ces patients n’est pas atteinte à 45 mois alors que celle des patients qui n’ont reçu que du crizotinib en première ligne, et aucun autre anti ALK après, n’est que de 20,8 mois. 
  • Enfin les meilleures survies sont celles des patients qui ont reçu successivement du crizotinib puis au moins un autre anti-ALK ensuite. Ceci laisse ouverte la discussion de la meilleure séquence thérapeutique qu’on peut proposer à ces malades. 

Reference

Final Overall Survival Analysis From a Study Comparing First-Line Crizotinib VersusChemotherapy in ALK-Mutation-Positive Non-Small-Cell Lung Cancer.

Solomon BJ, Kim DW, Wu YL, Nakagawa K, Mekhail T, Felip E, Cappuzzo F, Paolini J, Usari T, Tang Y, Wilner KD, Blackhall F, Mok TS.

J Clin Oncol2018 May 16. [Epub ahead of print]

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