Lancet

Quel est à 6 mois l’effet de la cigarette électronique sur le sevrage tabagique ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2013

Épidémiologie, Prévention

Nous avions signalé sur ce site le mois dernier une mise au point publiée dans le  JAMA sur la cigarette électronique et nous avions mentionné le manque important de données disponibles (/meme-quand-ils-sont-minimes-les-epanchement-pleuraux-impactent-fortement-le-pronostic).

Voici enfin en étude randomisée avec une bonne méthodologie qui vient d’être mise en ligne dans le Lancet. Le but de cette étude menée à Auckland était de comparer l’efficacité de la cigarette électronique contenant de la nicotine, à celle des patchs nicotiniques et de cigarettes électroniques placebo. 

Les personnes éligibles devaient avoir plus de 18 ans, avoir fumé au moins 10 cigarettes par jour dans l’année passée, et avoir manifesté la décision d’arrêter de fumer. Elles étaient recrutées par voie de presse. Les critères d ‘éligibilité de 1293 volontaires ont été examinés et 637 ont été randomisées : 289 ont été tirés dans le groupe cigarettes électroniques contenant de la nicotine, 295 dans le groupe patch et 73 dans le groupe cigarettes électroniques placebo.

L’objectif principal était le taux d’abstinence à six mois. Les taux d’abstinence à un ou trois mois et le nombre de cigarettes fumées chez ceux qui continuer à fumer étaient des objectifs secondaires. Les caractéristiques des patients des trois groupes étaient les mêmes. Le taux de perdus de vue était de l’ordre de 20 % dans les trois groupes.

Le taux d’abstinence vérifié à 6 mois était plus élevé dans le groupe cigarette électronique que dans le groupe patch et dans le groupe cigarette électronique placebo. Cette différence toutefois n’était pas significative.

Abstinence à

Cigarette électronique nicotine

Patch

p

N

289

295

 

1 mois (%)

67 (23,2)

47 (15,9)

0,03

3 mois (%)

38 (13,1)

27 (9,2)

0,12

6 mois (%)

21 (7,3)

17 (5,8)

0,46

Abstinence à

Cigarette électronique nicotine

Cigarette électronique placebo

 

N

289

73

 

1 mois (%)

67 (23,2)

12 (16,4)

0,21

3 mois (%)

38 (13,1)

5 (6,8)

0,14

6 mois (%)

21 (7,3)

3 (4,1)

0,44

Parmi les patients qui ont rechuté après avoir arrêté, Le délai médian de récidive était plus long dans le groupe cigarettes électroniques nicotine (35 jours) que dans le groupe patch (14 jours) et dans un groupe placebo (12 jours).

Quant aux malades qui continuaient à fumer, la quantité de cigarettes fumées diminuait significativement davantage dans le groupe cigarette électronique que dans les deux autres groupes (tableaux ci-dessous).

Changements de consommation moyenne de cigarettes pour ceux qui ont poursuivi leur tabagisme.

 

Cigarette électronique nicotine

Patch

p

Ensemble

11,1

9,1

<0,0001

1 mois (%)

12,9

10,5

<0,0001

3 mois (%)

10,8

9,1

0,006

6 mois (%)

9,7

7,7

0,02

Pourcentage de participants ayant réduits leur consommation au moins de moitié à 6 mois

 

 

Réduction de consommation à 6 mois (%)

Cigarette électronique nicotine

Patch

p

57

41

0,0002

Cigarette électronique nicotine

Cigarette électronique placebo

 

57

45

0,08

Le taux d’effets adverses a été supérieur dans le groupe cigarette électronique avec nicotine sans que cette différence ne soit significative et sans que les évènements adverses notamment les SAE qui sont respectivement de 27, 14 et 5 ne puissent selon les auteurs être rattachés aux produits testés dans l’étude.

A noter enfin que l’adhésion au traitement était significativement meilleure dans le groupe cigarette électronique. La cigarette électronique étant à l’évidence plus attractive que les patchs pour leurs utilisateurs.

Cette étude est importante. Elle fournit des informations précises et de bonne qualité et montre qu’à 6 mois la cigarette électronique est au moins aussi efficace que le patch et probablement supérieure.

Néanmoins des informations manquent sur l’efficacité et la toxicité  à long terme de cette cigarette électronique. Ceci justifie certainement la poursuite d’une recherche clinique active.

Reference

Electronic cigarettes for smoking cessation: a randomised controlled trial

Bullen C, Howe C, Laugesen M, McRobbie H, Parag V, Williman J, Walker N.

Published Online, September 7, 2013

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer