European Respiratory Journal

Quel est le pronostic des cancers broncho-pulmonaires admis par les urgences ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2015

Qualité de vie / Soins palliatifs

Il existe assez peu de données sur le pronostic des patients qui entrent dans leur maladie par un passage aux urgences à la suite de la découverte de symptômes en relation avec le cancer. Il est en général admis que ces patients ont alors un mauvais pronostic qu’on pense souvent être en rapport avec un mauvais PS.

Cette importante étude rétrospective japonaise apporte des données différentes.

Elle part de 1622 patients diagnostiqués dans un grand centre de référence de Kobé sur une période de 8 ans. En sont exclus les patients qui présentent un stade I, II ou IIIA. Il reste 771 patients dont 103 ont été adressés par l’intermédiaire des urgences. Ces derniers relevaient bien a priori des urgences puisque leur PS lors de l’admission aux urgences n’était à 0 ou 1 que dans 8% des cas, à 2 dans 28% et à 3 ou 4 dans 64% des cas.

Les symptômes qui les avaient amené aux urgences étaient le plus souvent liés à des métastases cérébrales, une pleurésie ou une pneumonie.

Les caractéristiques des patients, selon qu’ils étaient passés ou non par les urgences, différaient significativement sur :

-       le PS avant de décider d’une chimiothérapie : il était plus de 2 fois plus souvent à 0 et I chez les patients qui n’étaient pas passés par les urgences,

-       la prescription d’une chimiothérapie : elle était plus fréquente chez les malades qui n’étaient pas passés par les urgences

En revanche le sexe, l’âge, le tabagisme, l ‘histologie, le stade IIIB ou IV et le statut EGFR ne différaient pas. 

La survie médiane de l’ensemble de ces patients était de 15,4 mois. En analyse multivariée  elle était significativement associée avec le PS avant la décision de chimiothérapie, le statut mutationnel EGFR, le stade (IIIB ou IV), l’histologie et le fait de recevoir une chimiothérapie.

La survie des patients passés par les urgences était de 6,4 mois versus 16,6 mois pour ceux qui n’y étaient pas passés mais, en analyse multivariée, le fait d’être ou non passé par les urgences n’influait pas la survie.      

Ce travail est extrêmement intéressant car il va à l’encontre d’une idée très répandue et il montre bien que le PS au moment de la décision thérapeutique est l’élément le plus déterminant : lorsque ce PS est à 0 ou 1, la médiane de survie est à 20,5 mois, lorsqu’il est de 2 à 4, elle n’est qu’à 5,3 mois. 

On peut remarquer aussi, à la lecture de cet article, la grande qualité de la prise en charge décrite par ces auteurs : le temps médian entre l’admission aux urgences et le diagnostic était de 3 jours alors que le temps moyen entre cette admission aux urgences et la décision thérapeutique était de 16 jours. Ceci veut dire qu’ils se sont donnés le temps d’essayer d’améliorer l’état de leurs patients avant de prendre une décision thérapeutique.

Le fait d’être passé par les urgences n’est donc pas un facteur pronostique indépendant, c’est le PS au moment de la décision thérapeutique qui l’est. 

Reference

Analysis of advanced lung cancer patients diagnosed following emergency admission.

Fujimoto D, Shimizu R, Morimoto T, Kato R, Sato Y, Kogo M, Ito J, Teraoka S, Otoshi T, Nagata K, Nakagawa A, Otsuka K, Katakami N, Tomii K.

Eur Respir J 2015; 45 : 1098-107.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer