Quel est l’usage de la cigarette électronique chez les adolescents parisiens ?

L’article français que nous analysons ici est écrit à partir de 3 enquêtes menées dans les collèges et lycées parisiens. Plus de 10 000 jeunes de 12 à 19 ans ont été interrogés en 2012, 2013 et 2014, ce qui représente les 2% de cette population qui ont été choisis au hasard. Leur âge moyen était de 15,6 ± 2,3 ans.

Au total, 21,8% d’entre eux déclaraient avoir expérimenté la cigarette électronique, ce taux augmentant significativement de 2012 à 2014 (9,8 à 38 ,9%). Parmi ces derniers, 58,9% étaient fumeurs, 37,4 étaient non-fumeurs  et 3,7% étaient anciens fumeurs.

Les données sur l’utilisation de la cigarette électronique au cours du dernier mois, ne sont disponibles que pour les 2 dernières années : un tiers des expérimentateurs l’avaient utilisée et cette proportion était significativement plus élevée chez les fumeurs que chez les non-fumeurs et anciens fumeurs. Entre 2013 et 2014 ces taux d’utilisation pendant le dernier mois baissaient chez les  non fumeurs,  augmentaient significativement chez les fumeurs occasionnels et augmentaient de façon non significative chez les fumeurs réguliers.

Chez les 12-15 ans une baisse significative de l’expérimentation et de la consommation du tabac était notée tendis que l’expérimentation et la consommation de cigarettes électroniques augmentait de façon significative. Chez les 15-19 ans, l’expérimentation de la cigarette électronique augmentait de façon significative sans que le tabagisme en revanche ne diminue.

Beaucoup d’autres résultats sont par ailleurs donnés dont le lecteur pourra prendre connaissance.

Cette étude ne porte pas sur une cohorte qui serait suivie pendant plusieurs années, ce qui est dommage car une telle étude aurait permis de connaitre plus précisément l’évolution de la consommation de cigarette électronique chez ces adolescents et de la comparer à celle de tabac. Ce travail nous montre, à partir de 3 questionnaires auxquels ont répondu 2% de la population des jeunes collégiens et lycéens que  la population de jeunes qui utilisent la  cigarette électronique augmente quand celle de fumeurs diminue. C’est une notion importante qui donne des arguments pour penser que les jeunes non-fumeurs qui utilisent la cigarette électronique ne deviennent probablement pas plus souvent fumeurs que les non utilisateurs de cigarette électronique. Néanmoins rien ne permet de penser que chez les fumeurs la dépendance n’est pas accrue par l’usage de la cigarette électronique et que cela ne facilite pas chez des sujets jeunes moins dépendants que les adultes un accroissement de la consommation quotidienne  de tabac ou un tabagisme plus durable. Ces conclusions sont opposées pat exemple à celle d’une étude publiée dans le JAMA, que nous avions commentée sur ce site il y a 2 ans (cliquer ici).  Cette étude  menée chez près de 30 000 adolescents âgés en moyenne de 14 ans montrait que la probabilité de devenir ou de rester fumeur était au contraire plus élevée chez ceux qui avaient utilisé la cigarette électronique  

La poursuite d’études de cohortes, prenant en compte le tabagisme quotidien et sa durée, est essentielle. Elles seules permettront de savoir si l’usage de la cigarette électronique aide à diminuer le tabagisme des jeunes ou si au contraire il le renforce.  

D’ici là, parce que les études disponibles ont des résultats contradictoires, il nous faut rester prudents. Mais ne nous trompons pas de combat et adhérerons aux recommandations des auteurs : « l’utilisation de l’e-cigarette doit être découragée chez les jeunes, mais la lutte contre une initiation précoce du tabagisme doit rester la priorité absolue … ».