Annals of Oncology

A quel moment faut il faire la radiothérapie des cancers bronchiques à petites cellules localisés ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2016

Radiothérapie / Radiofréquence, Cancers à petites cellules

La radiothérapie reste un élément essentiel du traitement standard des cancers bronchiques à petites cellules localisés mais le moment où celle-ci doit être réalisée reste controversé.

Cette méta-analyse sur données individuelles a pour but de trancher définitivement la question.

Les essais qui étaient éligibles à cette étude devaient comparer :

  • Soit une radiothérapie précoce à une radiothérapie tardive. Pour être précoce la radiothérapie devait commencer au maximum 9 semaines après la randomisation et avant le troisième cycle de chimiothérapie.
  • Soit une radiothérapie courte à une radiothérapie prolongée. Dans ce cas,  une différence d’au moins deux semaines devait être prévue.

Au total, 12 essais randomisés incluant 2668 patients ont été éligibles à ce travail. Les données de 9 essais est de 2305 patients ont été utilisables pour cette méta-analyse. La durée médiane de suivi était de 10 ans.

De façon globale, la durée de survie ne différait pas lorsqu’on comparait les essais dont la radiothérapie était précoce ou courte à ceux dont la radiothérapie été tardive ou longue (HR =  0,99, 95% CI 0,91–1,08, p = 0,78).  Les données concernant la survie sans progression n’étaient  disponibles que pour 7 de ces 9 essais. Il n’y avait pas non plus d’impact du moment de la radiothérapie sur la survie.

Il y avait entre ces essais une importante hétérogénéité  et de ce fait les auteurs ont regardé si celle-ci était ou non dépendante d'un certain nombre de facteurs dont l'analyse était initialement prévue : l’un des facteurs qui pouvait expliquer principalement cette hétérogénéité entre les essais était la compliance à la chimiothérapie.

C’est pourquoi les auteurs ont cherché à définir  l’impact du moment (précoce ou tardif) ou de la durée (court ou long) de la radiothérapie sur la survie, en retenant les essais pour lesquels la compliance à la chimiothérapie était similaire et bonne dans les deux bras : dans ces conditions les patients qui avaient eu une radiothérapie plus précoce ou plus courte avaient des taux de survie à trois ans et cinq ans significativement augmentés respectivement de 5,7 et 7,7%. De même, dans les mêmes conditions où la compliance était similaire et bonne dans les deux bras, les patients qui avaient une radiothérapie plus précoce ou plus courte avaient des taux  survie sans progression à trois ans et cinq ans significativement augmentés respectivement de 6,3 et 5,6%.

Les neutropénies, les œsophagites  et les toxicités cardiaques, étaient significativement augmentées dans le groupe des patients qui avaient une radiothérapie précoce ou courte.

Cette méta-analyse démontre donc que, lorsque l’état du malade fait prévoir que la compliance à la chimiothérapie sera bonne, mieux vaut administrer la radiothérapie de façon précoce, c’est à dire avant la neuvième semaine et mieux vaut choisir une radiothérapie courte.

Une autre méta-analyse dont JP Pignon était le premier auteur (accéder au texte complet)  démontrait que la radiothérapie  thoracique prolongeait la survie des patients atteints de cancers bronchiques à petites cellules localisés traités par chimiothérapie. Il semble bien, 24 ans plus tard qu’on puisse confirmer qu’il est souhaitable, comme plusieurs études semblaient l’affirmer,  que la radiothérapie soit précoce et courte, même si la toxicité qui en résulte est supérieure. Cette supériorité néanmoins ne concerne que les malades pour lesquels des doses élevées de chimiothérapie ont été administrées.

 

 

Reference

Impact of thoracic radiotherapy timing in limited-stage small-cell lung cancer: usefulness of the individual patient data meta-analysis.

De Ruysscher D, Lueza B, Le Péchoux C, Johnson DH, O'Brien M, Murray N, Spiro S, Wang X, Takada M, Lebeau B, Blackstock W, Skarlos D, Baas P, Choy H, Price A, Seymour L, Arriagada R, Pignon JP; RTT-SCLC Collaborative Group.

Ann Oncol 2016; 27 : 1818-28

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer