Lancet

Radiothérapie thoracique des cancers bronchiques à petites cellules disséminés ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2014

Radiothérapie / Radiofréquence, Cancers à petites cellules

Quelques études dont la méthodologie était discutable ont émis l’hypothèse que la radiothérapie thoracique pouvait être bénéfique chez des patients atteints de cancers bronchiques à petites cellules disséminés et répondeurs à la chimiothérapie.  Le but de cette étude européenne randomisée de phase III était de confirmer ou infirmer cette hypothèse.  

Les patients éligibles à cette étude devaient avoir un cancer bronchique à petites cellules de stade disséminé, un PS de 0 à 2, une réponse à 4 cycles d’une chimiothérapie par cisplatine et étoposide.

Ils étaient randomisés sur un mode 1:1  pour recevoir soit une radiothérapie cérébrale prophylactique et une radiothérapie thoracique (30 Gy en 10 fractions), soit uniquement une radiothérapie cérébrale prophylactique.

L’objectif principal était le taux de survie à 1 an qui devait augmenter de 10% par rapport à un taux de 27% rapporté par une étude historique de l’EORTC.

En près de 4 ans, 498 patients ont été randomisé et 495 analysés (3 retraits de consentement).

Le taux de survie à un an était de 33% dans le groupe radiothérapie et 28% dans le groupe standard. Cette différence n’était pas significative (p=0,066). La médiane de survie était de 8 mois pour les 2 groupes. Cette étude n’a donc pas atteint son objectif principal.

Cependant à 18 mois et à 2 ans, les taux de survie différaient significativement : 16 vs 9% à 18 mois  (p=0,03), et 13% versus 3% (p=0,004) à 2 ans.

Le taux de PFS à 6 mois était de 24% dans le groupe radiothérapie et seulement de 7% dans le groupe contrôle (p=0,001).

Les effets adverses de grade ≥3 ont été au nombre de 26 dans le bras radiothérapie contre 18 pour le groupe contrôle (p=0,28).

 

Bien que cette étude soit négative au sens strict du terme puisqu’elle n’a pas atteint son objectif  principal, elle est tout de même  extrêmement intéressante car elle démontre une augmentation de la PFS et de la survie à 2 ans lorsqu’on ajoute au traitement des cancers bronchiques à petites cellules  disséminés une radiothérapie thoraciques. Cela doit il suffire pour que cette étude modifie les pratiques ?  Il est probable que non car  au sens strict du terme cette étude est tout de même négative.

Il n’en reste pas moins qu’on attendra avec encore plus d’impatience les résultats de l‘étude du RTOG (NCT01055197, www.clinicaltrials.gov) dont le schéma est un peu différent puisqu’elle compare, dans les cancers bronchiques à petites cellules disséminés, une radiothérapie cérébrale prophylactique exclusive à cette même radiothérapie associée une radiothérapie de consolidation sur les sites métastatiques résiduels

Reference

Use of thoracic radiotherapy for extensive stage small-cell lung cancer: a phase 3 randomised controlled trial.

Slotman BJ1, van Tinteren H2, Praag JO3, Knegjens JL4, El Sharouni SY5, Hatton M6, Keijser A7, Senan S8, Faivre-Finn C9.

Lancet. 2014 Sep 12. [Epub ahead of print]

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