Lung Cancer

Quelle est en France dans la « vraie vie » l’efficacité de l’osimertinib chez les patients prétraités ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2019

Thérapeutique ciblée, EGFR, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Il y a peu d’études sur l’efficacité de l’osimertinib en dehors des essais cliniques et le but de cette étude française coordonnée par le GFPC  et dont JB Auliac est le premier auteur est de fournir des informations à partir du programme d’ATU ouvert d’avril 2O15 à avril 2016. Ce programme concernait les patients antérieurement traités au moins par un inhibiteur de la tyrosine kinase de première ou deuxième  génération et, si elle était possible, une ligne de chimiothérapie. Cette étude rétrospective financée par l’industrie avait deux objectifs principaux : la détermination de la survie sans progression et de la survie globale à partir du début du traitement par l’osimertinib.

Deux cent cinq patients ont été inclus dans 52 centres. Leurs caractéristiques étaient conformes à ce qui est attendu dans cette population :  âge moyen de 69,6 ans, 68,8% de femmes et 71,5% de non-fumeurs. Le taux d’adénocarcinomes était de 97,5% et le pourcentage de stades IV était de 87,9%. Tous les patients présentaient une mutation activatrice de l'EGFR. Seulement 54% des patients avaient un PS à 0 ou 1. Les sites métastatique les plus fréquents étaient l’os (55%),  le cerveau (44%),  le poumon contro-latéral (41 %),  la plèvre (32%)  et le foie (31 %). 

Le traitement de première ligne était un inhibiteur de la tyrosine kinase de première ou deuxième  génération dans 61,5% des cas et un doublet à base de platine dans 38,5% des cas. Plus de 80% des patients ont reçu 2 lignes de traitement.

Au début du traitement par osimertinib, une mutation T790M a été découverte dans tous les cas : sur une biopsie liquide dans 34,4% des cas et sur une nouvelle biopsie dans tous les autres cas. La dose initiale d’osimertinib a été de 80 mg par jour pour presque tous les patients et la durée médiane de traitement a été de 13,9 mois. 

Les chiffres de survie sans progression et de survie globale sont résumés sur le tableau ci-dessous :

 

Durée médiane (mois)

Pourcentage à :

6 mois

1 an

2 ans

PFS

12,4

75,6

51,9

14,2

Survie

20,5

85,7

67,1

42,2

Ces chiffres de survie sans progression et globale étaient significativement plus élevés chez les patients qui avaient une délétion de l’exon 19 que chez ceux qui avaient une mutation de l’exon 21. 

Cinquante patients ont eu une nouvelle biopsie ou une biopsie liquide au moment de la progression et les résultats de ces nouveaux prélèvements sont indiqués dans l’article. 

Cette étude confirme que les résultats des études cliniques sont dans le cas présent retrouvés de façon identique en dehors des essais cliniques. 

L’absence de données manquantes mérite d’être signalée car elle est très inhabituelle dans un tel travail rétrospectif. 

Ces résultats importants ont toutefois quelques limitations liées au caractère rétrospectif de cette étude : 1) il est possible que chaque centre n’ait pas inclus tous ses patients traités dans ce programme, ce qui pourrait réaliser un biais de sélection : l’inclusion moyenne de seulement 3,9 patients par centre en 1 an est à retenir en faveur de cette hypothèse. 2) la date de la progression dépend de la date des examens réalisés. Or, dans cette étude rétrospective,  cette date, laissée au libre choix des prescripteurs, a probablement été variable rendant imprécise la durée de la survie sans progression. On peut néanmoins conclure que ces résultats sont très proches de ceux des essais cliniques, confirmant l’importante activité de l’osimertinib que chacun observe déjà de façon quotidienne dans son exercice. 

 

  

Reference

Real-life efficacy of osimertinib in pretreated patients with advanced non-small cell lung cancer harboring EGFR T790M mutation.

Auliac JB, Pérol M, Planchard D, Monnet I, Wislez M, Doubre H, Guisier F, Pichon E, Greillier L, Mastroianni B, Decroisette C, Schott R, Le Moulec S, Arrondeau J, Cortot AB, Gerinière L, Renault A, Daniel C, Falchero L, Chouaid C.

Lung Cancer2019; 127 : 96-102

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer