Annals of Oncology

A quels patients faut-il proposer un traitement de maintenance ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2013

Traitement des stades IV

 

Quels sont les facteurs prédictifs de l’efficacité d’un traitement de maintenance ? Les auteurs de cet article ont tenté de répondre à cette question à partir de l’étude JMEN de Ciulenau (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19767093).

On se souvient que cette étude est l’une des trois études qui montre un bénéfice de la maintenance sur la survie globale. Cette démonstration avait été faite dans pour la switch maintenance par pemetrexed, chez 663 patients qui, après 4 cycles d’une chimiothérapie d’induction sans pemetrexed, avaient été randomisés sur un mode 2/1 pour recevoir soit du pemetrexed soit un placebo.

Cette étude avait démontré un gain important et significatif de PFS et de survie chez l’ensemble des patients (4, 3 vs 2,6 et 13,4 vs 10,6 mois). Ce gain de survie était encore plus important dans le groupe des cancers non épidermoïdes (10,3 vs 15,5 mois).

Méthodologie

L’analyse a posteriori qui a été effectuée sur les données de cette étude est essentiellement basée sur le PS et les symptômes rapportés par le patient lors de la randomisation.

C’est l’index « average symptom burden index » (ASBI) qui est la moyenne des symptômes pulmonaires de l’échelle « lung cancer symptom scale » (LCSS) qui a été utilisé. Ces 6 symptômes du LCSS (anorexie, fatigue, toux, dyspnée, douleurs, et hémoptysies) ont été cotés de 0 (pas de symptôme) à 100 (symptôme maximum) sur une échelle visuelle analogique. L’ABSI est la moyenne de ces scores : il est considéré comme bas s’il est <25 et élevé s’il est ≥25. 

Compte tenu des données récentes concernant le pemetrexed et l’histologie, cette analyse a été restreinte aux 481 patients qui avaient un cancer non épidermoïde. 

Résultats

Les résultats, résumés sur le tableau ci dessous, montrent que l’effet de la maintenance sur la PFS est observé, que la symptomatologie soit ou non importante. En revanche, l’effet bénéfique sur la survie globale n’apparaît que chez les patients peu symptomatiques. 

 

ASBI<25

ASBI≥25

Pemetrexed

Placebo

Pemetrexed

Placebo

Médiane PFS (mois)

5,1

2,4

3,7

2,8

HR PFS Pemetrexed vs Placebo

0.50 (0.39, 0.63)

0.50 (0.32, 0.80)

p

<0.0001

0.0033

Médiane de survie globale (mois)

17,5

11

11,8

10,6

HR survie globale  Pemetrexed vs Placebo

0.64 (0.49, 0.85)

0.91 (0.60, 1.39)

p

0.0019

0.6729

Il en est de même pour le PS : qu’il soit à 0 ou 1 un effet sur la PFS est observé. En revanche un effet sur la survie globale n’est observé que chez les patients dont le PS est à 0.

 

PS0

PS1

Pemetrexed

Placebo

Pemetrexed

Placebo

Médiane PFS (mois)

5,5

1,7

3,7

2,8

HR PFS Pemetrexed vs Placebo

0.40 (0.29, 0.56)

0.58 (0.45, 0.76)

p

<0.0001

<0.0001

Médiane de survie globale (mois)

17,7

10,3

14,1

10,6

HR survie globale  Pemetrexed vs Placebo

0.57 (0.39, 0.82)

0.80 (0.60, 1.06)

p

0.0027

0.1200

Ce sont donc dans cette étude les patients asymptomatiques et à bon PS qui ont une survie prolongée grâce au traitement de maintenance. C’est une notion intéressante et probablement nouvelle car beaucoup de cliniciens ont tendance à faire l’inverse : ils proposent plutôt un traitement de maintenance aux patients symptomatiques et plutôt une pause thérapeutiques à ceux qui ne se plaignent de rien, parce qu’ils supposent que leur maladie est peu évolutive. C’est exactement l’inverse qu’il faudrait faire.

Attention néanmoins au fait que cette étude doit être confirmée de façon prospective . Attention également au fait que ces résultats ne s’appliquent pour l’instant qu’à la switch maintenance avec le pemetrexed puisque c’est uniquement l’essai de Ciulenau qui a été l’objet de cette étude.  

Reference

Identifying the target NSCLC patient for maintenance therapy: an analysis from a placebo-controlled, phase III trial of maintenance pemetrexed (H3E-MC-JMEN).

Obasaju C, Bowman L, Wang P, Shen W, Winfree KB, Smyth EN, Boye ME, John W, Brodowicz T, Belani CP.

Ann Oncol 2013; 24 : 1534-42

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