Journal of Thoracic Oncology

Radiothérapie post-opératoire des cancers N2. Encore une étude de registre

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2016

Radiothérapie / Radiofréquence, Traitement des stades III, Chirurgie

Les recommandations américaines (cliquer ici) et européennes (cliquer ici) pour traiter les cancers bronchiques non à petites cellules de stade III  proposent deux options soit la chirurgie précédée (et non suivie) d’une chimiothérapie soit la chimioradiothérapie. 

Lorsque la première attitude est choisie, la radiothérapie adjuvante est une option mais on manque de données concernant ce traitement à propos du quel on ne dispose encore que de résultats contradictoires.

L’étude présentée ici a été réalisée à partir d’une base de données européenne regroupant les patients de 2 centres, l’un  belge et l’autre hollandais qui ont été opérés après une chimiothérapie néoadjuvante de 1998 à 2012. Le but de cette étude était d’évaluer les taux de récidive loco-régionale chez ces patients présentant un cancer de stade IIIA-N2 et traités par chimiothérapie néo-adjuvante et chirurgie. Il était également prévu d’examiner l’impact du champ d’iradiation de la radiothérapie post-opératoire.  Pour affirmer l’atteinte N2, une hyperfixation du FDG et une atteinte histologique étaient exigées.  

Chez ces patients  une radiothérapie adjuvante était délivrée en cas de persistance post-opératoire d’un envahissement ganglionnaire N2, ou en cas de résection incomplète R1 ou R2.

A total 161 mades ont été identifiés, dont 11 n’ont pas été opérés. Cent cinquante patients l’ont été. Parmi ceux-ci, une radiothérapie médiastinale était indiquée chez 86 patients mais n’a été réalisée que chez 70.

Le taux de survie à 5 ans était de 35,1% pour l’ensemble des 161 malades, le taux de survie sans maladie  (DFS) à 5 ans était de 31,8%. 

Cinquante  huit patients (38,6%) ont eu une récidive loco-régionale durant l’évolution de leur maladie après un délai médian de 20 mois. Ces récidives dans plus de la moitié des cas représentaient le premier site de récidive (isolément ou associé à une récidive métastatique). Ces 58 récidives concernaient 26 patients (37%) qui avaient reçu une radiothérapie post-opératoire  et 32 (40%) qui n’en avaient pas reçu.

La distribution des récidives ganglionnaires était voisine chez les patients qui avaient reçu une radiothérapie post-opératoire (hile homolatéral, stations 7 et 4) ou non (station 7, 4 et hile homolatéral).

Chez les patients ont reçu une radiothérapie post-opératoire, une récidive ganglionnaire  a été notée chez 35% des patients à l’intérieur du PTV (planning target volume). Pour ceux qui n’avaient pas reçu de radiothérapie, un « PTV virtuel » a été créé : une récidive à l’intérieur de ce volume a été notée dans 50% des cas. Cette différence n’était pas significative. En ce qui concerne les récidives à l’extérieur des champs d’irradiation, on retiendra que 47% des patients ayant reçu une radiothérapie et 69% de ceux qui n’en ont pas reçu ont récidivé dans le médiastin contro-latéral, surtout en ce qui concerne les tumeurs gauches.

Ces constatations sont intéressantes, même si le caractère rétrospectif de cette étude constitue un handicap important, d’autant que les patients des deux groupes, irradiés ou non, ne sont pas les mêmes : en effet,  ceux qui ont reçu une radiothérapie post-opératoire l’on reçue du fait de la persistance post-opératoire d’un envahissement ganglionnaire N2, ou d’une résection incomplète R1 ou R2, de sorte que ces patients avaient des facteurs pronostiques plus défavorables que ceux qui n’ont pas reçu de radiothérapie post-opératoire.

Il est plus que jamais important pour nous de terminer rapidement l’étude IFCT-0503 LungART qui totalise en France maintenant 350 inclusions sur les 400 que l’IFCT s’est engagée à faire (cliquer ici).

 

 

 

Reference

Patterns of Locoregional Relapses in Patients with Contemporarily Staged Stage III-N2 NSCLC Treated with Induction Chemotherapy and Resection: Implications for Postoperative Radiotherapy Target Volumes.

Billiet C, De Ruysscher D, Peeters S, Decaluwé H, Vansteenkiste J, Dooms C, Deroose CM, De Leyn P, Hendrikx M, Bulens P, Le Péchoux C, Mebis J.

J Thorac Oncol 2016; 11 : 1538-49.

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Revue : British Journal of Cancer