European Journal of Cancer

Radiothérapie thoracique des cancers bronchiques à petites cellules disséminés : une méta-analyse.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2019

Radiothérapie / Radiofréquence, Cancers à petites cellules

La radiothérapie thoracique des cancers bronchiques à petites cellules disséminés reste l’objet d’une controverse. 

En septembre 2014, nous avons commenté les résultats d’une étude européenne randomisée de phase III (cliquer ici).  Les patients éligibles à cette étude devaient avoir un cancer bronchique à petites cellules de stade disséminé, un PS de 0 à 2, une réponse à 4 cycles d’une chimiothérapie par cisplatine et étoposide. Ils étaient randomisés sur un mode 1:1  pour recevoir soit une radiothérapie cérébrale prophylactique et une radiothérapie thoracique (30 Gy en 10 fractions), soit uniquement une radiothérapie cérébrale prophylactique. L'objectif principal était le taux de survie à un an. Le taux de survie à un an des 498 patients randomisés était de 33% dans le groupe radiothérapie et 28% dans le groupe standard. Cette différence n’était pas significative (p=0,066). La médiane de survie était de 8 mois pour les 2 groupes. Cette étude n’a donc pas atteint son objectif principal même si les taux de survie plus tardifs objectivaient une petite différence.

Trois ans plus tard, nous commentions les résultats de l’étude de phase II RTOG 0937 (cliquer ici) dans laquelle les patients atteints de cancer bronchique à petites cellules disséminés répondeurs à la chimiothérapie recevaient tous une radiothérapie encéphalique et étaient randomisés pour recevoir ou non une radiothérapie thoracique de consolidation. Il était prévu d’inclure 154 malades, seulement 97 ont été inclus dont 11 ont été jugés inéligibles. Cette étude était négative puisque laradiothérapie thoracique retardait la progression mais ne prolonge pas la survie qui était inférieure (sans atteindre la significativité) dans le bras expérimental (13,8 vs 15,8 mois). 

L’analyse systématique et la méta-analyse qui font l’objet de cette étude retient à partir de 1107 études 3 publications qui concernent 690 patients : aux deux études décrites antérieurement sur ce site, s’ajoute une troisième étude plus ancienne publiée en 1999  par Branislav Jeremic, le deuxième auteur de cette publication (cliquer ici). Cette étude randomisée avait un schéma différent puisque les patients recevaient dans le bras expérimental une radiochimiothérapie hyperfractionnée. Les doses totales de radiothérapie étaient 54 Gy.  

Ces 3 études avaient la survie comme objectif principal. 

Aucune différence significative de survie n’est démontrée par la méta-analyse de ces 3 études (HR = 0,88 (0,66-1,18)). En revanche un bénéfice significatif de survie sans progression (HR = 0,72 (0,62-0,84) et une diminution significative du taux de récidives locales (RR = 0,52 (0,44-0,61)) sont démontrés. A noter que pour le taux de récidives locales l’analyse n’a été faite que sur 2 études. 

Cette méta-analyse a été réalisée sur données publiées et non sur données individuelles ce qui limite ses conclusions. 

De plus, elle ne concerne que 3 études dans lesquelles les patients ont reçu des radiothérapies très différentes par leurs modalités d’administration : 

  • 54 Gy en 36 fractions sur 18 jours dans l ‘étude de Jeremic, en assiation avec une chimiothérapie, 
  • 45 Gy en 15 fractions dans l’étude du RTOG
  • et 30 Gy en 10 fractions dans l’étude européenne. 

Enfin le premier malade inclus dans l’étude de Branislav Jeremic l’a été en Janvier 1988 et le dernier inclus dans l ‘étude d’Elizabeth Gore l’a été en février 2015 : il y a 27 ans entre ces deux études et il est plus que vraisemblable que les modalités du bilan d’extension ayant changé les malades ne soient pas comparables… 

Toutes ces réserves montrent que cette question est loin d’être tranchée et qu’en tout cas rien ne prouve pour l’instant l’intérêt d’une telle radiothérapie. 

 

 

 

 

 

Reference

Role of thoracic consolidation radiation in extensive stage small cell lung cancer: A systematicreview and meta-analysis of randomised controlled trials.

Rathod S, Jeremic B, Dubey A, Giuliani M, Bashir B, Chowdhury A, Liang Y, Pereira S, Agarwal J, Koul R.

Eur J Cancer2019; 110 : 110-119

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Revue : British Journal of Cancer