Journal of Thoracic Oncology

Résection incomplète des CBNPC : une nouvelle étude à partir de la National Cancer Data Base américaine.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2016

Traitement péri-opératoire, Chirurgie

Il y a 6 mois nous commentions ici les résultats d’une étude rétrospective réalisée de 2003 à 2011 à partir des dossiers de 3395 patients de  la National Cancer Data Base américaine  sur la radiothérapie post-opératoire des patients opérés dont la résection était incomplète. En analyse multivariée, la survie des patients qui avaient reçu une radiothérapie post-opératoire était significativement améliorée de façon indépendante,  et ce pour tous les types d’extension ganglionnaire (cliquer ici).

L’étude publiée ici, sous la signature d’auteurs différents, est aussi une étude rétrospective réalisée à partir de la National Cancer Data Base américaine pendant une période presque identique puisque de 2004 à 2011.  Elle porte sur 5335 dossiers sur 112 998 dossiers de patients opérés, alors que l’étude précédente qui n’avait retenu que les stades II et III ne portait que sur 3395 dossiers. Ceci représente 4,7% des thoracotomies.  Ces patients ont eu une résection incomplète R1 (57%), R2 (4%) ou non spécifiée (39%).

Facteurs liés à la probabilité de résection incomplète

Divers facteurs démographiques (âge, type d’assurance etc) ou cliniques (histologie épidermoïde, caractère peu différencié, tumeur volumineuse, envahissement ganglionnaire, atteinte de plusieurs lobes etc) étaient associés au caractère incomplet de la résection. De même, le type d’établissement dans le quel avait lieu l’intervention (moindre dans les centres universitaires ou effectuant de la recherche) et le nombre de thoracotomies qui y étaient effectuées (moindre dans les centres à forte activité) étaient associés avec le taux de résections incomplètes effectuées. Enfin les patients qui avaient reçu une radiothérapie préopératoire avaient une probabilité significativement plus élevée d’avoir une résection incomplète.

Survie

Le taux de survie à cinq ans des patients ayant une résection RO était de 58,5 %. Celui des patients qui avaient une résection incomplète était à 33,8 %. Cette différence était significative (p=0,003) et concernait tous les stades.

L’administration d’une chimiothérapie adjuvante était associée à une meilleure survie quelque soit le stade.

La radiothérapie adjuvante était associée à une survie significativement inférieure pour les stades I. Elle n’avait pas d’impact significatif sur la survie des stades II et III. En revanche l’association d’une chimiothérapie et d’une radiothérapie  avait, dans les stades II et III, un impact positif significatif.

Cette nouvelle étude de registre apporte des arguments pour proposer une chimiothérapie adjuvante à tous les patients opérés dont la résection est incomplète, quelque soit leur stade. Pour la radiothérapie, c’est plus complexe : il semble bien que la radiothérapie exclusive soit délétère pour les patients dont le cancer est de stade I. Pour les stades II et III, il faut l’associer à la chimiothérapie pour qu’elle soit bénéfique.

On remarquera à propos de ces deux études qui semblent bien porter en partie sur la même base de données combien le mode de communication est important : dans l’une, on affirme que l’association d’une chimiothérapie et d’une radiothérapie  post-opératoire a un impact significatif sur la survie des patients opérés atteints de cancers bronchiques non à petites cellules R1 ou R2, sans trop préciser qu’elle doit être associée à une chimiothérapie ni en indiquer les modalités. Dans l’autre, on annonce qu’elle est délétère dans les stades I et qu’il faut l’associer à la chimiothérapie (toujours sans en indiquer les modalités) pour qu’elle soit bénéfique dans les stades II et III.   

Ces articles soulignent combien  il faut être prudent lors de la lecture de ces études de registres qui ne remplaceront jamais des études prospectives et randomisés.

 

Reference

Prevalence, Prognostic Implications, and Survival Modulators of Incompletely Resected Non-Small Cell Lung Cancer in the U.S. National Cancer Data Base.

Osarogiagbon RU, Lin CC, Smeltzer MP, Jemal A.

J Thorac Oncol 2016; 11 : e5-e16

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer