Journal of Thoracic Oncology

Résultats à long terme de deux études de phase II avec de l’alectinib

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2017

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Nous avons récemment commenté sur ce site les résultats de l’étude randomisée de phase III J-ALEX (cliquer ici) et de l’étude randomisée de phase III ALEX (cliquer ici) comparant l’alectinib au crizotinib qui montraient que l’alectinib permet d’obtenir, comparativement au crizotinib, une meilleure survie sans progression au prix d’une toxicité inférieure.

Le travail qui est publié ici concerne deux études de phase II ouvertes dont les résultats à long terme ont été poolés : il s’agit de l’étude internationale NP28673 qui a été menée dans 56 sites de 16 pays et de l’étude NP28761 qui a été conduite dans 27 centres nord-américains.

Les deux études s’intéressaient à des adultes atteints de cancer bronchique non à petites cellules ALK positifs de stade IIIB ou IV. Ils devaient avoir un PS≤2, et avoir progressé sous crizotinib. Ils pouvaient avoir des métastases cérébrales pourvu que, traitées ou non par radiothérapie, elles soient asymptomatiques.

Tous les patients ont reçu 600 mg d’alectinib deux fois/jour. L'objectif principal était le taux de réponse revu par un comité indépendant. Les objectifs secondaires étaient notamment la survie sans progression, la survie globale et la tolérance.

Au total, 225 patients ont été inclus dans l’une de ces deux études : leur âge médian était de 53 ans, il y avait 56% de femmes, 60% avaient des métastases cérébrales, plus des ¾ avaient reçu une chimiothérapie et ils étaient globalement lourdement prétraités puisque tous avaient reçu du crizotinib mais 80% avaient aussi reçu de 1 à 6 autres traitements.

Les données de réponse n’ont été analysées que chez 189 patients (RE population) qui présentaient des lésions mesurables et qui avaient reçu au moins une dose d’alectinib.

Les principaux résultats concernant l’efficacité sont recensés sur le tableau ci-dessous :

Réponse partielle (%)

51,3

Réponse partielle chez les patients qui ont reçu une chimiothérapie antérieure (%)

49

Réponse partielle chez les patients qui n’ont pas reçu une chimiothérapie antérieure (%)

59

Stabilités (%)

28

Durée médiane de réponse (mois)

14,9

PFS médiane (mois)

8,3

Survie médiane (mois)

26

Les principaux effets adverses ont été la constipation (38%), la fatigue (34%), les œdèmes (28%), les myalgies (25%), les nausées (23%), la toux (21%), et les céphalées (21%). Un seul décès a été attribué au traitement : il s’agit d’une hémorragie digestive avec perforation intestinale.

Ces deux études montrent que l’alectinib est efficace chez des malades en progression sous crizotinib et que ce traitement est susceptible d’entrainer chez ces malades une survie sans progression médiane de 8,3 mois et une survie médiane de 26 mois particulièrement remarquable quand on sait que beaucoup de ces patients ont été lourdement prétraités.

Cette durée de PFS de 8,3 mois s’ajoute à la survie sans progression obtenues par le crizotinib en première ligne de l’ordre  10,9  mois (cliquer ici) et à la PFS obtenue par la chimiothérapie de l’ordre de 8,5 mois (cliquer ici). Peut-on considérer actuellement que cette somme d’au moins 3 survies sans progression supérieure à 27 mois est plus élevée que la survie sans progression obtenue par l’alectinib en première ligne ? C’est impossible de le dire pour l’instant, ne serait-ce que parce que la médiane de survie sans progression n’est pas encore atteinte à près de 19 mois dans l’étude ALEX (cliquer ici). Quand il sera possible de prescrire l’alectinib, et en l’absence de données nouvelles sur la survie des études J-ALEX et ALEX obtenues d’ici là, il nous semble que les deux stratégies (alectinib d’emblée ou en deuxième ligne après crizotinib) seront acceptables.

 

 

 

 

 

Reference

Pooled Systemic Efficacy and Safety Data from the Pivotal Phase II Studies (NP28673 and NP28761) of Alectinib in ALK-positive Non-Small Cell Lung Cancer.

Yang JC, Ou SI, De Petris L, Gadgeel S, Gandhi L, Kim DW, Barlesi F, Govindan R, Dingemans AC, Crino L, Lena H, Popat S, Ahn JS, Dansin E, Golding S, Bordogna W, Balas B, Morcos PN, Zeaiter A, Shaw AT.

J Thorac Oncol 2017; 12 : 1552-1560

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