Lung Cancer

Retraitement par inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR de première génération : une importante étude rétrospective

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2017

Thérapeutique ciblée, EGFR, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Depuis le début de l’utilisation des inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR, beaucoup de cliniciens ont pris l’habitude, chez les malades qui ont eu une réponse importante et prologée,  de proposer la reprise de ce même traitement après une pause pendant laquelle le malade recevait en général une chimiothérapie. Cette attitude est basée sur quelques études à petits effectifs comme par exemple une étude qui portait sur 23 malades  que nous avions commentée sur ce site  il y a 5 ans (cliquer ici).

L’étude rétrospective que nous commentons ici est nettement plus importante puisqu’elle porte sur les données de 205 patients, tous présentant une mutation EGFR, et pris en charge dans 7 centres de Taiwan. Tous ont été traitées par un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR  suivi d’une chimiothérapie puis ensuite par la reprise de l’inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR.  Les patients qui avaient seulement une mutation T790M ont été exclus.

Entre 2009 et 2013, 205 patients ont donc été inclus. Leur âge moyen était de 61,8 ans, il y avait 62 % de femmes et la plupart d’entre eux avaient un PS de 0 à 2. Ils avaient presque tous une mutation usuelle (délétion 19 57,5%, L858R 41%).

La première ligne de traitement était chez presque tous les malades du gefitinib; 5,4 et 1% ont reçu respectivement de l’erlotinib et de l’afatinib. Lors de la reprise, près de 90% des patients ont reçu de l’erlotinib.

Chez presque tous les malades, la maladie avait été contrôlée par le premier traitement comme le montre le tableau ci dessous, en revanche moins d’un malade sur deux était contrôlé lors de la  reprise de l’inhibiteur de tyrosine kinase.

 

Première ligne de TKI

Deuxième ligne de TKI

Réponses (%)

57,6

7,3

Stabilité (%)

34,6

37,1

Taux de contrôle (%)

92,2

44,4

Progression (%)

7,8

55,6

PFS médiane (mois) 

8

4,1

Survie médiane (mois)

35,9

12,6

En analyse univariée et multivariée, les facteurs significativement associés à la survie sans progression  liée au deuxième traitement étaient :

  • Un intervalle entre la 1er et le deuxième traitement supérieur à 7 mois,
  • Et la survie sans progression  observée lors du premier traitement.

Les autres facteurs habituellement pronostiques tels que l’âge, le sexe, le tabagisme ou le PS n’étaient en revanche pas lés à cette deuxième PFS. Curieusement, les femmes avec une mutation L858R avaient le plus grand bénéfice de survie sans progression  lors du retraitement.

Cette étude montre que le retraitement par erlotinib des malades qui ont reçu du gefitinib en première ligne était une option possible et efficace au moment où cette étude a été réalisée. Les choses sont, maintenant qu’on connaît mieux les mécanismes d’échappement aux inhibiteurs de l’EGFR, bien différentes et beaucoup d’autres possibilités, à commencer par lle traitement ciblé des patients qui ont une mutation T790M, s’offrent à nous. Rappelons que cette discussion thérapeutique doit maintenant passer obligatoirement par la pratique de nouvelles biopsies facilitée dans un avenir proche par l’accès aux « biopsies liquides » (cliquer ici).

Reference

Predictive factors for EGFR-tyrosine kinase inhibitor retreatment in patients with EGFR-mutated non-small-cell lung cancer - A multicenter retrospective SEQUENCE study.

Chang GC, Tseng CH, Hsu KH, Yu CJ, Yang CT, Chen KC, Yang TY, Tseng JS, Liu CY, Liao WY, Hsia TC, Tu CY, Lin MC, Tsai YH, Hsieh MJ, Wu WS, Chen YM.

Lung Cancer 2017 ; 104 : 58-64

52 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer