Lung Cancer

SAiL une appréciation dans la « vraie vie » du risque hémorragique sous bevacizumab

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2012

Thérapeutique ciblée

On se souvient que dans la première étude de phase II randomisée comparant carboplatine et taxol à cette même chimiothérapie plus avastin il y avait eu un taux très élevé d’hémoptysies graves mais que 4/6 concernaient des patients porteurs de cancers épidermoïdes et 5 des patients qui avaient des tumeurs nécrosées. Depuis, les cancers épidermoïdes étant écartés, le nombre d’hémoptysies graves avait considérablement diminué et les études de phase III de ECOG 4599 et Avail avaient montré un taux d’hémoptysies fatales de l’ordre de 1% plutôt inférieur au taux d’hémotysies spontanées connues dans le cancer broncho-pulmonaire.

Cet article évalue le taux d’hémotysies dans la « vraie vie » puisque l’étude SAiL est une étude ouverte de phase IV non comparative conduite dans 400 centres de 40 pays. Les critères d’exclusion de cette étude comportaient :

  • Le caractère non-épidermoïde,
  • les antécédents d’hémoptysies (plus de 2,5 ml de sang rouge par épisode dans les 3 derniers mois),
  • l’envahissement évident des gros vaisseaux,
  • l’existence de métastases cérébrales (ce n’est plus maintenant une contre-indication),
  • l’utilisation d’anti-coagulants à doses curatives,
  • une hypertension artérielle non contrôlée,
  • ou des antécédents de thromboses ou d’hémorragies.

Au total 2212 patients ont été inclus et traités par du bevacizumab le plus souvent à 15 mg/kg (88% des cas) associé à une bithérapie à base de sels de platine. Parmi eux, 56 (2,5%) avaient une excavation.

Des hémoptysies de tout grade ont été notées dans 8,1 à 8,5% des cas et de grade ≥3 dans 0,7% des cas.

A noter les faits suivants qui prennent un poids important compte tenu du grand nombre de patients inclus :

  • L’incidence des hémoptysies ne variait pas selon que la tumeur était centrale ou périphérique,
  • La présence initiale d’une excavation était associée à une hémoptysie de tout grade dans 12,5% des cas, vs 7,9% chez les patients sans cavités intra-tumorales, mais aucune hémoptysie de grade ≥ 3 n’a été observée.
  • Le risque est également augmenté dans les mêmes proportions chez les patients pour les quel une hémoptysie est survenue en cours de traitement.
  • Le risque d’hémoptysies n’a pas été augmenté chez les patients qui recevaient un traitement anticoagulant prophylactique.
  • Le risque de saignements était plus faible pendant la maintenance que pendant le traitement d’induction.

Ces résultats observés dans la vraie vie devraient aider à mieux cerner les contre-indications du bevacizumab notamment concernant les hémoptysies dont la fréquence semble proche des hémoptysies observées dans les cancers non traités, à condition de respecter les contre-indications assez simples de cette étude. 

Reference

MO19390 (SAiL): Bleeding events in a phase IV study of first-line bevacizumab with chemotherapy in patients with advanced non-squamous NSCLC.

Dansin E, Cinieri S, Garrido P, Griesinger F, Isla D, Koehler M, Kohlhaeufl M.

Lung Cancer. 2012; 76 : 373-9.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer