Journal of the National Cancer Institute

Surveiller après traitement par TEP-FDG ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2016

Imagerie métabolique, Surveillance

La proportion de patients atteints de cancer chez lesquels la TEP-FDG est utilisée ne cesse de croitre sans que son intérêt ne soit démontré dans certains domaines où elle est pourtant utilisée. C’est par exemple en oncologie thoracique le cas des surveillances après traitement des cancers chez les patients asymptomatiques. Pourtant en 2013 l’ASCO recommandait de ne pas avoir recours à cet examen en s’appuyant sur le fait que cette pratique ne reposait sur aucune preuve (Accéder au texte gratuit) .

L’étude publiée ici porte sue le cancer broncho-pulmonaire et le cancer de l’œsophage et a été réalisée à partir de la SEER database entre 2005 et 2009. C’est une série extrêmement importante puisqu’elle porte sur près de 100 000  patients traités pour cancer broncho-pulmonaire dans 859 hôpitaux et près de 5000 traités pour cancer de l’œsophage dans 215 hôpitaux. Leur âge médian était de 76 ans.  Parmi ceux ci, 40% des patients qui avaient été traités pour un cancer broncho-pulmonaire et 26% des patients qui avaient été traités pour un cancer de l’œsophage avaient été traités pour un cancer métastatique.

Utilisation de la TEP-FDG

Le tableau ci-dessous indique le nombre de TEP-FDG réalisées en ayant exclu les TEP-FDG effectuées pour le bilan diagnostique et celles qui ont été effectuées pour explorer une image mise en évidence sur un scanner de surveillance : ce sont ce que les auteurs appellent les scanners « inappropriés ».  

 

Cancer broncho-pulmonaire

Cancers de l’œsophage

Nombre de TEP-FDG

100 479

6162

Nombre moyen de TEP-FDG par patient

1,03

1,39

TEP-FDG  inappropriées (%)

0

75 598 (77,8)

3060 (68,8)

1

11 044 (11,4)

666 (15)

2

4350 (4,5)

297 (6,7)

3

2416 (2,5)

187 (4,2)

>3

3744 (3,9)

236 (5,3)

On voit qu’environ ¼ de ces patients avaient eu au moins une TEP-FDG effectuée pour la surveillance chez un patient asymptomatique. Ces examens étaient réalisés pour tous les stades de cancer. Pour le cancer broncho-pulmonaire, 35,7%  étaient effectués pour un cancer de stade I et II, 29,5% pour un cancer de stade III et 25,8% pour un cancer de stade IV.

Survie

Dans la mesure où il existait une grande variation dans l’usage de la TEP-FDG selon les hôpitaux, 5 groupes d’hôpitaux ont été constitués selon le nombre de TEP-FDG effectuées.

Le pourcentage de survie ajustée à 2 ans était le même dans les établissement qui avaient la plus faible ou la plus forte utilisation de TEP-FDG pour l’ensemble des malades. Il en était également de même pour les cancers  de stades précoces comme le montre le tableau ci-dessous :

Survie à deux ans

Faible utilisation de TEP-FDG

Forte utilisation de TEP-FDG

Cancers broncho-pulmonaires (%)

65,1

65,5

Cancers de l’œsophage (%)

52,8

52,8

 Cette étude qui porte sur un grand nombre de patients montre que le quart des malades américains qui ont été inclus il y a plus de 5 ans sont surveillés lorsque leur traitement est terminé par des TEP-FDG itératives et cette attitude est proposée aux malades de tous stades. On peut se demander si en France actuellement cette proportion n’est pas plus élevée ?

Cette pratique est très variable d’un hôpital à l’autre et lorsqu’on compare la survie à deux ans des malades traités dans les établissements qui suivent  ou non après traitement les malades  de cette manière, elle est la même, y compris dans les stades précoces.

Aux Etats Unis, Medicare limite le remboursement à 3 TEP-FDG, il nous semble que cette étude montre que cette limitation ne constitue très probablement pas une perte de chances pour les malades. 

 

Reference

Use of Positron Emission Tomography to Detect Recurrence and Associations With Survival in Patients With Lung and Esophageal Cancers.

Healy MA, Yin H, Reddy RM, Wong SL.

J Natl Cancer Inst 2016; 108 (7) … 

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Revue : British Journal of Cancer