Cancer

Survie à très long terme sous gefitinib : pour la première fois des données se survie à 10 et 15 ans disponibles pour près de 200 patients.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2018

Thérapeutique ciblée, EGFR

L’accès au gefitinib aux USA est une longue histoire : à la suite des essais cliniques menés à la fin des années 1990 un enregistrement accéléré a été possible en 2003. Malheureusement en 2005, bien qu’un  bénéfice clinique important ait été obtenu chez de nombreux de patients, cette approbation a été retirée par la FDA du fait de la négativité de l’étude de phase III ISEL comparant chez des patients non sélectionnés en deuxième ligne gefitinib à placebo (cliquer ici pour un accès gratuit).  Toutefois la distribution commerciale restait possible dans un nombre restreint de pharmacies pour les patients qui recevaient du gefitinib et en tiraient un bénéfice. 

A partir de 2011, et jusqu’’en janvier 2013 , l’accès à ce traitement n’a été  possible que  dans le cadre du programme ICAP  (IRESSA Clinical Access Program). Pour être éligibles à participer à ce programme, les patients devaient être déjà sous gefitinib et bénéficier de ce traitement.

Enfin en juillet 2015 la FDA a approuvé le gefitinib pour le traitement en première ligne des cancers bronchiques non à petites cellules présentant une mutation activatrice de l’EGFR. 

Ainsi le programme ICAP, parce qu’il incluait des patients parfois traités par gefitinib depuis très longtemps, quelquefois même depuis plus de 10 ans, constituait une occasion unique pour l’étude de la tolérance à très long terme de ce médicament. 

Au total 191 patients ont reçu du gefitinib dans le cadre de ce programme et 75 de ces patients restaient encore sous gefitinib en septembre 2016. La totalité des données cliniques n’étaient disponibles que pour 79 de ces patients : leur âge moyen était de 68 ans, il y avait 70% de femmes. La plupart étaient anciens fumeurs (58%) ou non fumeurs (30%). A noter que 13% des patients présentaient un cancer épidermoïde. Plus de la moitié avaient reçu le gefitinib en première ligne. La durée médiane de traitement par gefitinib était de 11,1 ans. Pour la plupart le statut mutationnel EGFR n’a pas été déterminé.

Des événements adverses rapportés au traitement ont été observés chez 20% des patients. Il s’agit essentiellement de diarrhées et de rashs cutanés de grades 1 et 2. Des effets adverses sévères rapportés au traitement n’ont été rapportés que chez seulement 3 patients et des modifications ou interruptions de doses liées au traitement n’ont été nécessaires que chez un petit nombre de patients.

Calculée depuis le début du traitement par gefitinib, le taux de survie à 10 ans était de 86% et il était à 15 ans de 56%. 

Cette étude montre que l’administration très prolongée de gefitinib, - dont la durée médiane dépassait ici 10 ans -, est possible et qu’il en résulte une toxicité très faible. Bien que les chiffres de survie ne soient pas ceux d’une population générale mais d’une population qui est très sélectionnée sur le fait qu’on a démontré avant l’étude que ces patients ont déjà une réponse durable au gefitinib, ces chiffres sont importants. En effet ils démontrent qu’il existe de très longs survivants sous gefitinib et que leur nombre est loin d’être négligeable.  Certains  malades qui ont une réponse prolongée au gefitinib,  ont envie d’’interrompre leur traitement après plusieurs années. Cette étude devrait nous aider à les persuader de la bonne tolérance d’un traitement très prolongé. 

Reference

Long-term safety and survival with gefitinib in select patients with advanced non-small cell lungcancer: Results from the US IRESSA Clinical Access Program (ICAP).

Hirsch FR, Sequist LV, Gore I, Mooradian M, Simon G, Croft EF, DeVincenzo D, Munley J, Stein D, Freivogel K, Sifakis F, Bunn PA Jr.

Cancer2018; 124 : 2407-2414

79 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer