Lung Cancer

Taux de réponse à la chimiothérapie et survie des patients atteints de cancer bronchique à petites cellules durant ces 20 dernières années

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2019

Cancers à petites cellules

Les taux de réponse à la chimiothérapie et la survie des patients atteints de cancer bronchique à petites cellules ont-ils évolué durant ces 20 dernières années ? 

Pour répondre à cette question cette étude rétrospective grenobloise a été réalisée à partir des données de 488 patients ayant reçu une première ligne de traitement parmi 529 patients consécutifs diagnostiqués  au CHU de Grenoble entre 1997 et 2017. 

Leur âge médian était de 64 ans, le quart d’entre eux étaient des femmes, 42% avaient un cancer bronchique à petites cellules localisé, 96% étaient fumeurs, 56% avaient un PS à 0 ou 1, 30% à 2 et 14% à 3 ou 4, 22% avaient un pourcentage d’amaigrissement ≥10% et 85% n’avaient pas de syndrome paranéoplasique.  

Tous ont reçu une chimiothérapie de première ligne, 6% ont été opérés et 28% ont reçu une radiothérapie médiastinale. Parmi ceux-ci, 45% étaient sensibles, 24% résistants et 22% réfractaires à la première ligne de chimiothérapie. 

Deux groupes de patients ont été constitués selon qu’ils ont été traités avant 2010 (n=317) ou pendant ou après 2010 (n=181). Les caractéristiques des patients des deux groupes traités respectivement avant ou pendant et après 2010 étaient significativement différentes pour l’âge (63 vs 65ans), la chirurgie (8 vs 2%) et le nombre de patients qui avaient un pourcentage amaigrissement ≥10% (18 vs 28%).

Les taux de réponses des patients dont le cancer était disséminé aux différentes lignes de traitement sont indiqués ci-dessous :

 

Traitement avant 2010

Traitement pendant ou après 2010

p

Première ligne (%)

63

62

0,87

2e ligne (%) 

39

29

0,09

3e ligne (%) 

19

20

0,85

Aucune différence significative n’était notée et il en était de même pour la première ligne chez les malades atteints de cancer localisé. 

La durée médiane de survie entre le début du traitement et le décès était de 13,2 mois et 11,2 mois respectivement pour les périodes 1 et 2. En analyse multivariée la mortalité ne différait pas entre les malades traités avant ou pendant et après 2010, même après ajustement aux facteurs pronostiques qui étaient les comorbidités cardiovasculaires ou hépatiques, le PS et le caractère disséminé. 

Cette étude peut être discutée parce qu’elle est monocentrique et rétrospective. Néanmoins les caractéristiques des patients des deux groupes sont très proches ce qui suggère qu’on ne peut pas évoquer qu’une modification du recrutement ait pu influencer ces résultats. Par ailleurs les critères diagnostiques des cancers bronchiques à petites cellules sont restés constants pendant cette période. Enfin on ne peut pas évoquer ici un biais de sélection lié au bilan (phénomène de Will Rogers) qui aurait pu être évoqué si les auteurs n’avaient fait porter leur travail que sur les disséminés. Le seul point qui n’est pas précisé est qu’on n’est pas certain que tous ces malades ont eu exactement le même traitement pendant ces 20 ans … Et ces éventuelles variations de traitement pourraient expliquer la différence de survie de 2 mois si, dans la première partie de l’étude, davantage de malades avaient reçu une quadrithérapie (plus fréquemment administrée dans beaucoup de centres avant 2010) voire même du platine plutôt que du carboplatine … 

Cette étude démontre en tout cas que les taux de réponse à la chimiothérapie restent désespérément stables depuis 20 ans et que la survie médiane a diminué de 2 mois sans qu’en analyse multivariée la date de traitement soit pronostique. On pouvait s’y attendre puisqu’aucune donnée thérapeutique nouvelle n’a été apportée jusqu’en octobre 2018 au traitement des cancers bronchiques à petites cellules. La seule donnée réellement nouvelle date d’octobre dernier  avec la démonstration de la supériorité significative de survie de l’association  carboplatine, étoposide et atezolizumab comparée à la seule chimiothérapie (cliquer ici pour un accès gratuit), association qu’il est maintenant possible de traiter dans le cadre d’une ATU de cohorte. 

Reference

Trends in response rate and survival in small-cell lung cancer patients between 1997 and 2017.

Lattuca-Truc M, Timsit JF, Levra MG, Ruckly S, Villa J, Dumas I, Pinsolle J, Ferrer L, Guillem P, Moro-Sibilot D, Toffart AC; Multidisciplinary Thoracic Oncology Group Grenoble University Hospital France.

Lung Cancer2019; 131 : 122-127

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer