Journal of Thoracic Oncology

Thérapeutique ablative localisée chez les mutés EGFR oligométastatiques.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2018

Radiothérapie / Radiofréquence, EGFR, Chirurgie

Lorsque les patients qui présentent un cancer bronchique non à petites cellules avec mutations activatrices de l'EGFR ont un nombre réduit de lésions métastatiques, beaucoup d’équipes ont l’habitude  de leur proposer un traitement local de ces métastases par chirurgie ou radiothérapie (thérapeutique ablative localisée) (cliquer ici). Cette attitude est-elle justifiée ? 

C’est la question qui est posée par cette étude rétrospective monocentrique chinoise conduite chez des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules de stade IV, présentant une mutation activatrice de l'EGFR et présentant jusqu’à 5 métastases survenues dans les 2 mois qui suivaient le diagnostic. Ils étaient pris en charge dans un hôpital de Shangai entre 2010 et 2016.  

Au total 145 patients présentant un cancer oligométastatique et recevant un inhibiteur de la tyrosine kinase pur un cancer bronchique non à petites cellules métastatique  avec mutation activatrice de l'EGFR ont été inclus :

  • 51 ont reçu une thérapeutique ablative localisée pour la tumeur primitive et les sites métastatiques,
  • 55 ont reçu une thérapeutique ablative localisée pour soit la tumeur primitive soit les sites métastatiques,
  • Et 39 n’ont reçu aucune thérapeutique ablative localisée. 

De très nombreux sites métastatique ont été traités (cerveau, os, surrénales, poumon contro-latéral, foie etc) par chirurgie ou radiothérapie classique ou stéréotaxique. 

Presque tous les malades avaient une (46%) ou deux (44%) métastase(s). La majorité des 10% restant en avaient 3. 

Avec un suivi médian de 38 mois, les principaux résultats en terme de survie sont résumés sur le comme le montre le tableau ci-dessous :

 

Ensemble des patients

Traitement local pour la tumeur et les métastases

Traitement local pour la tumeur ou les métastases

Pas de traitement local

PFS médiane (mois)

17,3

20,6

15,6

13,9

Survie médiane (mois)

35,9

40,9

34,1

30,8

Les différences entre les 3 groupes étaient toutes significatives pour la survie sans progression et entre le groupe 1 et le groupe 3 pour la survie globale. 

Les sièges tumoraux qui bénéficiaient le plus de ces traitements locaux étaient : la tumeur primitive et les métastases cérébrales et surrénaliennes. 

Les toxicités de ces traitements locaux étaient celles qui sont classiquement liées à la radiothérapie notamment les pneumopathies (7,7%) et les œsophagites (16,9%). Les auteurs disent ne pas avoir observé de pneumopathies attribuées aux inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR. 

Cette étude suggère donc que l’addition d’un traitement local, dans une population qui en grande majorité était composée de malades qui avaient une ou deux métastases, est bénéfique. Elle a de nombreuses limitations liées au fait que c’est une étude monocentrique et que les caractéristiques des patients des 3 groupes ne sont pas les mêmes. Il n’en reste pas moins que proposer un traitement local à ces patients est une attitude de plus en plus répandue mais de nombreuses questions demeurent liées par exemple à la date et à la nature du traitement local, aux malades à qui ce traitement doit être proposée et à la façon dont il faut associer inhibiteurs de la tyrosine kinase et radiothérapie … Ces questions justifient pleinement la réalisation d’études prospectives. 

Reference

Consolidative Local Ablative Therapy Improves the Survival of Patients With SynchronousOligometastatic NSCLC Harboring EGFR Activating Mutation Treated With First-Line EGFR-TKIs.

Xu Q, Zhou F, Liu H, Jiang T, Li X, Xu Y, Zhou C.

J Thorac Oncol2018; 13 : 1383-1392

 

69 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer