Journal of Clinical Oncology

Traitement antiémétique : peut-on réduire la durée de la corticothérapie ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2018

Qualité de vie / Soins palliatifs

La qualité de vie des patients sous chimiothérapie s’est considérablement améliorée depuis l’optimisation des traitements anti émétiques, actifs sur la phase aiguë mais également retardée des nausées et des vomissements. Ces traitements de support s’appuient actuellement sur une association d’un sétron, d’aprépitant et de corticoïdes, ces derniers étant administrés pendant 3 jours.

L’objet de l’essai conduit par Ito Y et al était de démontrer la non infériorité d’un schéma antiémétique avec une dose réduite de déxamethasone (sur une journée au lieu de 3 jours comme habituellement prescrit), afin de tenter de diminuer les éventuels effets adverses liés à ces fortes doses de corticoïdes.

Au total, 401 patients (396 finalement analysables) traités par des chimiothérapies hautement émétisantes ont été répartis dans deux bras pour recevoir un triplet associant  sétron (J1), aprépitant (J1-J3) et déxamethasone à J1 (n=200) ou le même triplet avec la déxamethasone de J1à J3 (n=196).

Il ressort qu’en terme de réponse complète (c’est à dire absence de vomissement et pas de recours à des traitements de secours) qui était l’objectif principal de l’étude, on note une non infériorité du schéma court de déxamethasone (l’étude a atteint son objectif). Dans les objectifs secondaires, figurait le « contrôle complet », c’est à dire aucune nausée, pas de vomissement et pas de recours à un traitement de secours. Cet objectif là en revanche n’est atteint que pour la phase aiguë. En phase retardée, le schéma court n’est pas non inférieur.

L’utilisation de déxamethasone à J1 uniquement permet de diminuer les flushs, les tremblements mais à l’inverse, on observe moins d’appétit, plus de fatigue et plus de symptômes de dépression (ce qui pourrait constituer un effet secondaire potentiellement bénéfique de la corticothérapie dans ce contexte).

Cette étude est intéressante en cette période où les essais thérapeutiques d’association entre chimiothérapie et inhibiteurs de checkpoints immunitaires se développent. Elle permet de diminuer l’utilisation des corticoïdes dont le rôle inhibiteur sur les traitements d'immuno-oncologie est suspecté (mais en réalité mal connu), et va dans le sens des protocoles qui choisissent le nab-paclitaxel comme chimiothérapie pour ne pas avoir à donner de prémédication corticoïde. En revanche, les auteurs soulignent bien que ce schéma est à réserver à des patients qui n’auraient pas de facteurs de risques connus de nausées et vomissements chimio-induits et n’est peut-être pas à proposer d’emblée à tout le monde, eu égard à un contrôle un peu inferieur sur les symptômes retardés.

Reference

Placebo-Controlled, Double-Blinded Phase III Study Comparing Dexamethasone on Day 1 With Dexamethasone on Days 1 to 3 With Combined Neurokinin-1 Receptor Antagonist and Palonosetron in High-Emetogenic Chemotherapy.

Ito Y, Tsuda T, Minatogawa H, Kano S, Sakamaki K, Ando M, Tsugawa K, Kojima Y, Furuya N, Matsuzaki K, Fukuda M, Sugae S, Ohta I, Arioka H, Tokuda Y, Narui K, Tsuboya A, Suda T, Morita S, Boku N, Yamanaka T, Nakajima TE.

J Clin Oncol. 2018 Feb 14  Epub ahead of print

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