Journal of Thoracic Oncology

Un cas de pneumopathie à éosinophiles sous Osimertinib

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2017

EGFR, Effets secondaires des médicaments

Nous avons commenté sur ce site de nombreuses études conduites avec de l’osimertinib (AZD9291) dont l’activité d’abord fortement suggérée par des études de phase I (cliquer ici) et II (cliquer ici)  est maintenant largement démontrée chez les patients qui présentent une mutation T790 M (cliquer ici). Dans ces études, comme avec les autres inhibiteurs de la tyrosine kinase ont été rapportées des pneumopathie interstitielle diffuse : dans l’étude de phase III, 10 cas (4%) ont été observés dont la sévérité était le plus souvent modérée (9 événements de grade 1 et 2) à l’exception d’un cas fatal.

Le cas rapporté dans cette lettre à l’éditeur d’un auteur japonais est différent, puisqu’il s’agit d’une pneumopathie à éosinophiles.

Il s’agit d’une femme de 77 ans non fumeuse qui présente un adénocarcinome de stade IIB avec une mutation L858R. Cinq ans après qu’une lobectomie ait été effectuée, des petits nodules pulmonaires bilatéraux apparaissent. Elle reçoit alors du gefitinib du carboplatine et du pemetrexed puis du pemetrexed en maintenance et de l’erlotinib. Durant ce traitement par erlotinib une progression survient à la fois pulmonaire et hépatique. Une mutation T790M est alors objectivée sur une biopsie hépatique ce qui conduit à entreprendre un traitement par osimertinib à la dose quotidienne de 80 mg.  Deux semaines plus tard apparaissent une fièvre, une hypoxie et un épaississement des septa interlobulaires ainsi qu’un épanchement pleural bilatéral. Dans le même temps les nodules pulmonaires et hépatiques diminuaient.

Un lavage alvéolaire objectivait alors une importante éosinophilie à 35,5% et les biopsies transbronchiques mettaient en évidence une infiltration éosinophilique dans les septa alvéolaires. L’osimertinib a été alors interrompu et les symptômes se sont améliorés.

Les auteurs soulignent que ce cas de pneumopathie à éosinophiles observée sous osimertinib est le premier cas rapporté.

Cette observation parfaitement documentée suggère que les pneumopathies observées sous osimertinib devraient être plus complètement explorées qu’elles ne le sont d’habitude. En tout cas, il est vraisemblable que l’osimertnib rejoigne la liste des médicaments qui sont à l’origine de pneumopathies médicamenteuses à éosinophiles (177  médicaments peuvent être à l’origine de pneumopathies à éosinophiles et 45 de pneumopathies à éosinophiles aigue selon Pneumotox (cliquer ici). Aurait-on pu chez cette patiente, pour laquelle l’osimertinib représentait la dernière possibilité thérapeutique, et alors que son activité était prouvée, reprendre ce traitement sous corticoïdes sous couvert d'une surveillance étroite ? Il sera intéressant de voir si cette attitude est possible dans d’éventuelles observations ultérieures. 

Reference

Osimertinib-Induced Interstitial Lung Disease Presenting as Eosinophilic Pneumonia.

Tachi H, Shiozawa T, Sakai C, Kasuga M, Nakazawa K, Morishima Y, Satoh H, Hizawa N, Sakashita S, Sekine I.

J Thorac Oncol 2017; 12 : e118-e120.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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