Lung Cancer

Un effet adverse sévère en deuxième ligne chez un malade âgé coûte cher et raccourcit la survie.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2018

Cancers du sujet âgé, Effets secondaires des médicaments

Voici encore une étude réalisée à partir des données de la base de données SEER pour la partie épidémiologique de l’étude croisées avec celles de Medicare  pour ce qui concerne les hospitalisations et les traitements prescrits. 

Ont été inclus  les patients âgés de 65 ans ou plus et qui ont reçu un traitement de deuxième ligne pour un cancer bronchique non à petites cellule de stade IIIB ou IV entre 2007 et 2011. 

Le but de ce travail est de définir l’impact de la survenue d’effets adverses sévères (c'est à dire d’effets secondaires ayant conduit à une hospitalisation)  pendant la deuxième ligne de traitement sur la survie et  sur les coûts de traitement. 

Le financement de cette étude était industriel.

Sur 9382 patients qui ont commencé une première ligne de traitement pendant cette période, 6485 ont terminé ce traitement et 3967 ont commencé un traitement de deuxième ligne et ont eu ensuite un suivi minimum d’un mois. Parmi ceux-ci :

  • 1624 (40,9%) ont eu au moins un effet adverse sévère,
  • Et 2443 n’en ont pas eu. 

La nature des traitements de deuxième ligne reçus était extrêmement variée :

  • Les 2/3 des patients (66,5%) ont reçu une chimiothérapie notamment du pemetrexed (19%), un taxane (9%) de la gemcitabine (8,2%) ou bithérapie avec un platine (13,7%). 
  • Et le tiers restant ont reçu une thérapeutique ciblée, le plus souvent de l’erlotinib. 
  • Un certain nombre de patients recevaient en outre une radiothérapie ou ont été opérés. 

Les principaux effets adverses sévères observés durant la deuxième ligne de traitement étaient notamment l’HTA, l’anémie et les pneumopathies.

La survie médiane de l’ensemble de la population était de 8 mois et le taux de survie un an était de 37,6 %. La survie était significativement  plus courte chez les patients qui avaient un effet adverse sévère en analyse univariée (5,5 vs 10,5 mois) et multivariée ( HR de mortalité : 2,31 (95% CI : 2,16-2,47) , p<0,01). 

Les coûts de santé moyens correspondant à l’ensemble des patients étaient de 37 687$. Ils étaient de 50 795 $ chez ceux qui ont eu un effet adverse sévère et de 28 601$ chez ceux qui n’en ont pas eu. Cette différence était essentiellement due aux coûts de l’hospitalisation.  

La principale conclusion de cette étude est que la survenue d’effets adverses sévères chez ces malades est significativement liée à un raccourcissement de la survie et à des coûts supérieurs. 

Ces 2 conclusions étaient attendues avant de lire les résultats de cette étude et le lecteur peut s’interroger sur l’impact de ces résultats. En effet, cette conclusion pourrait être utile si on avait le moyen de prévoir les malades qui vont présenter des effets adverses sévères et ceux qui n’en présenteront pas. Peut-être faut-il être, chez les malades âgés, particulièrement vigilent sur le risque accru d’effet adverse sévère ? Par exemple certaines comorbidités pourraient accroitre ce risque mais rien dans ce travail ne permet de les repérer.  

Peut-être faut-il aussi s’interroger sur la pertinence de toutes les hospitalisations chez ces malades ? L’hospitalisation définit l’effet adverse sévère et on ne s’intéresse donc dans cette étude qu’aux malades hospitalisés. Mais l’hospitalisation génère des coûts et comporte des risques bien connus chez ces malades fragiles. De ce fait on peut se demander si toutes les hospitalisations étaient nécessaires ?  La  gestion d’une anémie, d’une HTA ou d’une pneumopathie aurait peut-être pu être réalisée dans certains cas en ambulatoire. Autrement dit, il nous semble que la question pourrait être posée différemment : dans la mesure ou on sait que l’hospitalisation coute cher et peut contribuer à exposer le patient à des risques supplémentaires, n’est-il pas possible de gérer davantage en ambulatoire certaines toxicités après en avoir évalué de façon rigoureuse la gravité ? 

 

 

Reference

Severe adverse events impact overall survival and costs in elderly patients with advanced non-small cell lung cancer on second-line therapy.

Borghaei H, Yim YM, Guerin A, Pivneva I, Shi S, Gandhi M, Ionescu-Ittu R.

Lung Cancer2018; 119 : 112-119

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer