European Journal of Cancer

Une corticothérapie administrée avant une immunochimiothérapie diminue-t-elle l’activité de cette dernière ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2021

Immunothérapie, Traitement des stades IV, Qualité de vie / Soins palliatifs

La plupart des facteurs d’exclusion des essais cliques concernant l’immunothérapie dans le traitement des cancers broncho-pulmonaires incluent l’administration de corticoïdes durant les mois qui précédent l’immunothérapie.  Ceci s’appuie sur le fait que les corticoïdes, administrés dans les mois qui précèdent une immunothérapie, sont susceptibles de diminuer l’activité de celle-ci. Cette diminution d’activité liée à l’administration des corticoïdes a été démontrée dans plusieurs études rétrospectives commentées sur ce site (cliquer ici) (et ici) (et ici).  Mais qu’en est-il chez les patients qui reçoivent une combinaison d’immunothérapie et de chimiothérapie ?

Pour répondre à cette question, les auteurs de cet article ont conduit aux USA une  étude de cohorte rétrospective multicentrique concernant les données de patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules ou de cancers bronchiques à petites cellules métastatiques qui ont reçu une chimiothérapie entre  d’avril 2015 à janvier 2018 et une immunochimiothérapie de février 2018 et août 2019, en excluant les patients qui avaient des mutations activatrices. Les objectifs principaux étaient la détermination de la survie globale et de la survie sans progression en « vie réelle » définies par la date du passage en deuxième ligne (progression en « vie réelle »)  ou le décès. L’utilisation de corticoïdes était définie par tout usage de corticoïdes dans les 28 jours précédant le traitement, à l’exclusion de la prémédication.

Cette cohorte est constituée de 316 patients incluant :

  • 228 traités par chimiothérapie
  • Et 88 par immunochimiothérapie.

Comme on pouvait s’y attendre les risques de progression en « vie réelle » ou de survie sans progression en « vie réelle »  étaient moins élevés sous immunochimiothérapie que sous chimiothérapie (HR à 0,37 et 0,58). Il y avait également une réduction du risque de décès sous immunochimiothérapie à 0,74 mais cette réduction n’atteignait pas la significativité.

Pour savoir si les réductions de risque de décès des patients traités par immunochimiothérapie comparées au risque de décès  des patients traités par chimiothérapie seule  (sans corticothérapie préalable) dépendait de l’administration ou non d’une corticothérapie préalable, les auteurs ont comparé ces réductions pour les patients traités ou non par corticothérapie avant l’immunochimiothérapie  : les réductions du risque de décès sous immunochimiothérapie étaient comparables que les patients aient reçu (HR à 0,67 (0,35-1,28))  ou non (HR à 0,88 (0,55-1,42) des corticoïdes au préalable.

Il en était de même des réductions du risque de progression en « vie réelle » qui étaient proches chez les patients ayant reçu (0,35 (012-0,99)) ou non (0,41 (0,24-0,70)) des corticoïdes  et de la survie sans progression en « vie réelle » (0,69 (0,46-1,03) et 0,58 (0,29-1,09)).

Les auteurs concluent cette étude en affirmant que l’utilisation de corticoïdes avant une immunochimiothérapie ne modifie pas la réponse et la survie. Cette conclusion doit, nous semble-t-il, être nuancée par le fait que, dans cette étude, le nombre de 88 patients traités par immunochimiothérapie est réduit avec notamment seulement 28 patients traités par stéroïdes au préalable. De plus on ne connait pas les doses de corticoïdes reçues et il est vraisemblable que ces doses reçues et sans doute le moment où on les reçoit et la raison de la corticothérapie soient des facteurs qui jouent un rôle important. Enfin définir la progression en vie réelle par le passage à la deuxième ligne ne reflète pas la réalité de toutes les progressions.

Cette étude devra donc être confirmée avant de pouvoir considérer que la corticothérapie n’a pas d’impact sur l’efficacité de l’immunochimiothérapie.

 

Reference

Survival outcomes associated with corticosteroid use before chemoimmunotherapy in patients with advanced lung cancer.

Sorial MN, Huynh JP, Azzoli CG, Liauw JC, Brunault RD, Collins CM, Zullo AR.

Eur J Cancer  2021; 145 : 234-244

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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