Lancet oncology

Une étude de phase II randomisée comparant Erlotinib à Cabozantinib ou Erlotinib et cabozantinib.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2016

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV

Depuis l’étude BR21 menée il y a plus de 10 ans (accès gratuit) l’erlotinib reste en France l’un des traitements possibles en deuxième ou troisième ligne pour les patients qui présentent un cancer bronchique non à petites cellules de stade IV sans mutation EGFR.

Le Cabozantinib  est un inhibiteur de la tyrosine kinase oral qui a une activité sur MET, VEGFR2, RET, ROS1 et  AXL et l’amplification de MET représente l’un des mécanismes de résistance aux inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR. Utiliser le Cabozantinib en même temps que l’erlotinib dans une population de patients EGFR sauvage semblait logique, à la fois du fait de ses propriétés anti MET (MET est exprimée dans 50% de ces tumeurs) et de ses propriétés anti-angiogéniques. 

Cette étude de phase II multicentrique et académique a été conduite dans 37 centres américains appartenant au groupe ECOG-ACRIN.

Pour être inclus les patients devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules non épidermoïde métastatique et avoir progressé après une ou deux lignes de chimiothérapie  dont une bithérapie à base de platine.

Ils étaient randomisés en 3 bras :

  • erlotinib en monothérapie, à la dose de 150 mg/j (groupe contrôle),
  • cabozantinib en monothérapie, à la dose de 60 mg/j,
  •  ou une association d’erlotinib à la dose de 150 mg/j,  et cabozantinib, à la dose de 40 mg/j.  

L’objectif principal était la survie sans progression : les deux groupes expérimentaux étaient comparés au groupe contrôle et l’objectif, nécessitant 35 malades éligibles par bras, était de faire passer la survie sans progression  médiane de 2,4 à 4,8 mois.

De février 2013 à juillet 2014, 125 patients ont été randomisés dont 14 (11%) ont été inéligibles.

Les chiffres de survie sans progression , survie globale et réponses sont indiqués dans le tableau ci dessous :

 

Erlotinib

Cabozantinib

Erlotinib + Cabozantinib

N

38

38

35

 

 

 

HR

p

 

HR

p

PFS (mois)

1,8 (1,7-2,2)

4,3 (3,6-7,4)

0,39

0,0003

4,7 (2,4-7,4)

0,37

0,0003

Survie (mois)

5,1 (3,3-9,3)

9,2 (5,1-15)

0,68

0,05

13,3 (7,6-NA)

0,51

0,01

RP (%)

3

11

 

 

3

 

 

Stabilité (%)

16

50

 

 

46

 

 

On voit sur ce tableau que la survie sans progression  était significativement augmentée dans les deux groupes expérimentaux. L’étude a donc atteint son objectif principal.

L’expression de MET, testée sur 95 échantillons tumoraux n’était pas significativement liée à la survie sans progression.

Des diarrhées et des éruptions acnéiformes ont été observées dans les 3 groupes sans grandes différences  à l’exception des  signes cutanés moins fréquents sous cabozantinib.

Des HTA ont été observées plus fréquemment dans les groupes comportant du cabozantinib.

Une pneumopathie de grade 1-2 a été observée dans le groupe erlotinib et une pneumopathie de grade 5 a été observée dans le groupe associant les deux médicaments.

A l’heure où le traitement par erlotinib des patients non mutés est de plus en plus discuté, peut-être peut-on imaginer que le cabozantinib pourrait représenter une alternative chez ces malades ? C’est difficile de l’affirmer à la lecture de cette étude dont les effectifs sont réduits et qui comporte 11% de patients inéligibles, certaines causes d’inéligibilité nous semblant discutables. En tout cas, plusieurs autres études sont en cours qu’il faudra suivre avec attention (cliquer ici).

 

Reference

Erlotinib, cabozantinib, or erlotinib plus cabozantinib as second-line or third-line treatment of patients with EGFR wild-type advanced non-small-cell lung cancer (ECOG-ACRIN 1512): a randomised, controlled, open-label, multicentre, phase 2 trial.

Neal JW, Dahlberg SE, Wakelee HA, Aisner SC, Bowden M, Huang Y, Carbone DP, Gerstner GJ, Lerner RE, Rubin JL, Owonikoko TK, Stella PJ, Steen PD, Khalid AA, Ramalingam SS; ECOG-ACRIN 1512 Investigators..

Lancet Oncol. 2016 Nov 4. [Epub ahead of print]

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