Lung Cancer

Une pneumopathie de grade 1 après une radiochimiothérapie n’est pas une contre-indication au Durvalumab

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2022

Immunothérapie, Radiothérapie / Radiofréquence, Traitement des stades III

Depuis que sont connus les résultats de l’essai PACIFIC (cliquer ici) et (cliquer ici), le traitement des cancers bronchiques non à petites cellules localement avancés non résécables repose sur une radiochimiothérapie idéalement concomitante suivie d’une consolidation par durvalumab. Parmi les critères d’inéligibilité dans cette étude, figure l’existence après radiochimiothérapie d’une pneumopathie. Il est précisé qu’il s’agit des pneumopathies de grade ≥ 2. Les pneumopathies de grade 1 étaient donc autorisées et il aurait été intéressant de savoir si une pneumopathie interstitielle de grade 1 à la fin de la radiochimiothérapie pouvait être associée à un risque accru de pneumopathie médicamenteuse. Il aurait été de ce fait intéressant de connaitre l’avenir des patients qui, à l’inclusion,  avaient une pneumopathie de grade 1, mais malheureusement cette information n’est pas donnée dans les publications de l’étude PACIFIC. 

Ceci explique que les auteurs de l’étude japonaise que nous commentons ici aient entrepris une étude de cohorte prospective dans laquelle ils ont enrôlés les patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules de stade III non résécable qui présentaient, dans les 42 jours suivant la radiochimiothérapie une pneumopathie de grade 1 selon les critères du CTCAE [1].   

Cette étude a été conduite dans 12 centres japonais dans le but d’évaluer l’efficacité et la tolérance du durvalumab chez ces malades. 

Résultats

Entre février et décembre 2019, 170 patients ont été traités par radiochimiothérapie pour un cancer bronchique non à petites cellules non résécable. Parmi ceux-ci, 42 avaient à l’entrée dans l’étude une pneumopathie de grade 1 dont 35 sont rentrés dans l’étude.  Leur âge médian était de 69 ans, il y avait 72% d’hommes, et 90% des malades étaient fumeurs ou anciens fumeurs. Le tiers des patients avaient une BPCO. Deux patients avaient une délétion de l’exon 19. La chimiothérapie le plus souvent par carboplatine et paclitaxel ou cisplatine et vinorelbine était associée à la radiothérapie conformationnelle (3D-CRT) ou en radiothérapie avec modulation d’intensité (IMRT). 

La durée médiane de suivi était de 16,1 mois. Le nombre médian d’injections de durvalumab était de 13 et 14 des 35 patients ont continué le durvalumab jusqu’à un an en tout.   Parmi les 21 patients qui ont interrompu le durvalumab pendant l’année qui suivait  le début de du traitement, 14 l’ont interrompu pour progression, 5 pour effets adverses et 2 pour une autre raison. La durée médiane de survie sans progression était de 11,4 mois et la durée médiane de survie globale n’était pas atteinte. 

Onze patients (31%) ont eu une pneumopathie de grade ≥2 apparue après la première injection de durvalumab avec un délai médian de 2,8 mois :

  • 10 (29%) de grade 2
  • Et 1 de grade 5. 

Aucune caractéristique clinique ou biologique  (âge, sexe, tabagisme, PS, comorbidités, histologie, statut PD-L1 ) et aucune caractéristiques thérapeutique n’était liée à l’apparition de ces pneumopathies. 

Parmi les 10 pneumopathies de grade 2, 8 se sont améliorées sous corticoïdes après arrêt du durvalumab et 2 après seulement l’arrêt du durvalumab. Le durvalumab a pu être à nouveau administré chez 6 patients sans reprise de la pneumopathie. 

Le patient décédé était un homme de 76 ans qui avait une BPCO et un cancer épidermoïde de stade III PD-L1 ≥ 50%.  Ancien fumeur, il avait fumé 30 PA. Il avait été traité par carboplatine quotidien et IMRT de 60 Gy en 30 fractions de 2 Gy. Une pneumopathie immune de grade 3 est apparue à 2,3 mois de traitement. Elle a été traitée dès le diagnostic par 30 mg/jour de prednisolone. Alors qu’à 4,2 mois il ne recevait plus que 20 mg,  la pneumopathie a récidivé et ce malade est décédé 3 jours plus tard.   

Si l’on excepte le cas de ce patient, il semble donc logique que la présence d’une pneumopathie de grade 1 après la radiochimiothérapie n’interdise pas la mise en œuvre du durvalumab  à condition néanmoins qu’une surveillance attentive soit exercée. 

 

[1] Malades asymptomatiques découverts uniquement à la suite d’examen clinique ou diagnostiques et pour les quels aucune intervention n’est prévue

Reference

Prospective multicenter cohort study of durvalumab for patients with unresectable stage III non-small cell lung cancer and grade 1 radiation pneumonitis. 

Sugimoto T, Fujimoto D, Sato Y, Tamiya M, Yokoi T, Taniguchi Y, Hino A, Hata A, Uchida J, Fukuda Y, Hara S, Kanazu M, Matsumoto H, Kokubo M, Yamamoto N. 

Lung Cancer  2022; 171 : 3-8.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer