Journal of Thoracic Oncology

Une pneumopathie grave au début d’un traitement par crizotinib n’est pas forcément iatrogène.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2013

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV, Soins intensifs

Cette jeune femme de 26 ans, non fumeuse, se présente en février 2011 pour des symptômes respiratoires et un amaigrissement. On diagnostique  une masse du poumon gauche associée à des métastases osseuses, hépatiques et surrénaliennes. Les biopsies permettent le diagnostic d’adénocarcinome TTF1+, EGFR et KRAS non muté.

Elle reçoit alors un traitement par pemetrexed et cisplatine puis pemetrexed et carboplatine. Elle est stable à 4 cycles. Elle reçoit parallèlement à deux reprises une radiothérapie osseuse  palliative.  Ensuite  elle reçoit un traitement de maintenance par erlotinib. Au bout de 2 mois apparaissent une métastase oculaire puis une paraplégie liée à l’une des atteintes osseuses.

En octobre 2011 une translocation ALK-EML4 est objectivée et elle débute un traitement par crizotinib. Trois jours plus tard, elle développe une insuffisance respiratoire. Celle-ci est liée à une pneumopathie droite et à des embolies pulmonaires multiples.  Elle  est transférée en réanimation pour ventilation non invasive. Elle y reçoit des antibiotiques et anticoagulants. Deux jours plus tard elle recommence à voir avec son œil antérieurement aveugle et peut sortir de réanimation peu de temps après. Six semaines plus tard son déficit moteur persistait mais elle avait une réponse partielle radiologique. A 47 semaines de traitement elle reçoit toujours du crizotinib et est toujours en réponse partielle.

Certes, il ne s’agit que d’une observation, mais cette observation illustre combien des progrès perçus par tous ceux qui prennent en charge le traitement des cancers bronchiques non à petites cellules  ont pu être observés dans ces toutes dernières années, même dans les formes les plus graves.

Plusieurs enseignements peuvent-être retenus de cette observation :

  • Toute pneumopathie qui survient au début du traitement par crizotinib n’est pas une pneumopathie médicamenteuse.
  • Certaines équipes n’auraient pas adressé cette patiente progressive après une bithérapie à base de cisplatine et de l’erlotinib en réanimation. Ils auraient eu tort.
  • Certains enfin n’auraient pas recherché de translocation ALK-EML4. Ils auraient fait perdre à cette jeune  patiente  au moins un an de vie. 

Reference

Surviving Respiratory Insufficiency with Intensive Care Support in a Pretreated, Extensively Metastasized Patient with an EML4-ALK Translocation.

van Geffen WH, Hiltermann TJ, Groen HJ.

J Thorac Oncol. 2013; 8 : e1-2. 

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer