Annals of Oncology

Bevacizumab et Osimertinib versus Osimertinib : résultats de l’étude randomisée de phase II ETOP 10-16 BOOSTER.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2022

Thérapeutique ciblée, EGFR

Les études qui ont exploré l’association d’inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR et de bevacizumab ont été fréquemment commentées sur ce site. Elles ont été conduites dans la plupart des cas avec l’association bevacizumab et erlotinib comparée en phase II au seul erlotinib d’abord dans plusieurs études de phase II puis de phase III montrant une augmentation de la survie sans progression (cliquer ici) mais ne parvenant pas à objectiver une augmentation de la survie globale (cliquer ici).

La plupart des études menées plus récemment avec l’osimertinib sont en cours  après qu’aient été publiés les résultats d’une étude de phase I-II commentés sur ce site (cliquer ici)

Les résultats publiés ici sont ceux d’une étude randomisée de phase II ouverte qui a été réalisée par l’ETOP.  

Pour être inclus dans cette étude, les patients devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules étendu non accessible à un traitement radical avec une mutation usuelle de l’EGFR et ayant acquis une mutation T790M. Ils devaient avoir un PS ≤2, des lésions mesurables ou évaluables. Ils ne devaient pas avoir de cancer à prédominance épidermoïde ou un contingent de cancer bronchique à petites cellule, ils ne devaient pas avoir non plus métastases cérébrales « actives » ou symptomatiques ni d’antécédents de pneumopathie interstitielle diffuse ou d’hémoptysies. Ils devaient avoir reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase de première ou deuxième génération et pouvaient avoir reçu une chimiothérapie à base de platine. 

Ces patients étaient randomisés sur un mode 1/1 pour recevoir jusqu’à progression ou intolérance :

  • De l’osimertinib à 80 mg/jour associé à du bevacizumab à 15mg/kg toutes les 3 semaines, 
  • Ou de l’osimertinib seul. 

L'objectif principal était la survie sans progression. Les objectifs secondaires étaient notamment les taux de réponse et de contrôle de la maladie, la survie et la toxicité. Le but était de déceler une augmentation  de la survie sans progression de 36% (HR à 0,64) ce qui correspond à une augmentation de la PFS médiane de 11 à 17,2 mois. Au total, 126 patients étaient nécessaires à cette démonstration. 

En deux ans ont été inclus 155 patients dans 22 centres dans 6 pays et les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties. L’âge médian de ces malades était de 67 ans, 62 % étaient des femmes, 40 % étaient asiatiques et 60% non fumeurs. Des métastases cérébrales et hépatiques existaient chez 14% des patients. Enfin 64% avaient un PS à 1. Une délétion de l’exon 19 était observée chez 70% des patients et une mutation L858R chez 30%. Les mutation T790M étaient détectées soit sur la tumeur (52%) soit sur l’ADN circulant (48%). Peu de patients avaient antérieurement reçu une chimiothérapie (15%) mais davantage avaient reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase de première (73%) ou deuxième (25%) génération. 

Avec un temps médian de suivi de 33 mois, aucune différence significative de survie sans progression n’a été observée,  les résultats étant les suivants :

 

Osimertinib et Bevacizumab

Osimertinib

p

N (ITT)

78

77

 

Taux de PFS à 1 an (95%CI) (%)

60,3 (48,4-70,3)

50,8 (39,1-61,5)

 

PFS médiane (95%CI) (mois)

15,4 (9,2-18)

12,3 (6,2-17,2)

0,71

 HR de PFS (95%CI)

0,94 (0,66-1,33)

 

Survie médiane (mois)

24 

24,3

 

Taux de réponse (%)

55

55

 

Durée de réponse médiane (mois)

14,5

16,6

 

Des évènements secondaires rapportés au traitement de tous grades et de grades ≥3 ont été rapportés respectivement chez 96 et 47% des patients du bras osimertinib et bevacizumab et chez 87% et 18% des patients du bras osimertinib. Les pourcentages de patients chez lesquels ces évènements secondaires rapportés au traitement conduisaient à l’arrêt de ce dernier étaient respectivement de 25 et 4%. Les événements qui étaient plus fréquents sous bithérapie étaient la proteinurie, l’hypertension, l’anorexie  et l’inflammation des muqueuses.  

Cette étude de phase II randomisée démontre que, dans une population de patients prétraités par inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR de première ou deuxième génération et qui ont acquis une mutation T790M, l’addition de bevacizumab ne prolonge pas la survie sans progression et entraine une augmentation des évènements secondaires rapportés au traitement de grade ≥3. Ces résultats vont dans le même sens que ceux de l’étude japonaise de phase II qui avait été commentée ici il y a un an (cliquer ici)

Ces résultats ne concernent pas les patients traités en première ligne par osimertinib. Pour ces derniers une étude de phase III sponsorisée par le National Cancer Institute est en cours : elle doit inclure 300 patients et devrait s’achever en 2025 (cliquer ici). 

 

 

 

 

Reference

A randomised phase II study of osimertinib and bevacizumab versus osimertinib alone as second-line targeted treatment in advanced NSCLC with confirmed EGFR and acquired T790M mutations: the European Thoracic Oncology Platform (ETOP 10-16) BOOSTER trial.

Soo RA, Han JY, Dafni U, Cho BC, Yeo CM, Nadal E, Carcereny E, de Castro J, Sala MA, Bernabé R, Coate L, Provencio Pulla M, Garcia Campelo R, Cuffe S, Hashemi SMS, Früh M, Massuti B, Garcia-Sanchez J, Dómine M, Majem M, Sanchez-Torres JM, Britschgi C, Pless M, Dimopoulou G, Roschitzki-Voser H, Ruepp B, Rosell R, Stahel RA, Peters S; ETOP 10-16 BOOSTER Collaborators.

Ann Oncol  2022; 33 : 181-192

69 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer