Journal of Clinical Oncology

Bien informer un malade de son pronostic lorsqu'il est réservé ne nuit pas à la relation du malade avec son médecin.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2018

Qualité de vie / Soins palliatifs, Relation avec le patient

Un certain nombre d’oncologues évitent de donner des informations franches à leurs patients concernant leur pronostic lorsque ceux-ci ont un pronostic sombre parce qu’ils craignent que ces informations soient susceptibles de dégrader la relation médecin/malades.  Cette crainte est-elle justifiée ?

Cette étude prospective américaine a pour but de répondre à cette question. Elle a été menée à partir des données de l’étude randomisée VOICE (Values and Options in Cancer Care) (cliquer ici) dont l’objectif principal était d’améliorer la communication entre médecins et patients concernant le pronostic et les choix de traitement de leur cancer.

Au total 453 patients atteints de cancers de stade IV ou III dont l’oncologue pensaient qu’ils « ne seraient pas surpris que leurs malades meurent dans l’année » et 38 oncologues ont été randomisés :

  • La moitié recevaient une information renforcée grâce à une formation des médecins et des malades à la communication,
  • Et une information « habituelle ».

L’information donnée aux patients était codée selon une échelle pré-établie à partir des enregistrements audio des consultations. Les patients devaient ensuite répondre à une enquête téléphonique quelques jours puis 3 mois après cette visite. Cette enquête interrogeait les malades sur la force de leurs relation avec l’oncologue à partir de deux enquêtes :

  • l’Human Connection (THC) scale, une échelle à 16 items qui évaluait dans quelle mesure les patients aiment, font confiance et respectent leur oncologue,
  • la  Perceived Efficacy in Patient-Physician Interactions (PEPPI) scale, une échelle à 5 items destinée à mesurer le degré de confiance qu’ont les malades dans l’obtention de l’information auprès de leur médecin. 

Une autre échelle était adaptée et utilisée spécifiquement pour cette enquête, la prognostic discussion scale (PDS). Elle évaluait a posteriori la nature des informations données au cours des consultations enregistrées.  

Une évaluation de l’évaluation de l’information reçue (PDS) était associée avec une augmentation de l’évaluation de la façon dont les patients disent aimer, faire confiance et respecter leur oncologue (THC) sans que cette différence n’atteigne la significativité immédiatement.  Elle l’atteignait toutefois à 3 mois.

La conclusion de cette étude est que l’information franche sur le pronostic lorsqu’elle est de qualité lors des premiers entretiens est plutôt associée à un jugement favorable du malade de son oncologue plutôt que l’inverse. Elle n’est en tout cas pas préjudiciable à la relation du médecin avec son malade et est même susceptible de favoriser leur alliance.  

 

 

 

 

Reference

Impact of Prognostic Discussions on the Patient-Physician Relationship: Prospective CohortStudy.

Fenton JJ, Duberstein PR, Kravitz RL, Xing G, Tancredi DJ, Fiscella K, Mohile S, Epstein RM.

J Clin Oncol 2018; 36 : 225-230

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer