Annals of Oncology

Chez les maladies dont la tumeur exprime PD-L1 à au moins 50%, le tabagisme est-il prédictif de l’efficacité de l’immunothérapie ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2020

Immunothérapie, Cancer du non fumeur

L’expression de PDL1 à au moins 50% est actuellement le meilleur critère de prédictivité de l’efficacité de l’immunothérapie chez les malades atteints de cancer bronchique non à petites cellules de sorte que, chez ces malades, le pembrolizumab est devenu un standard dès la première ligne (cliquer ici). On sait aussi que, chez les malades atteints de cancer bronchique non à petites cellules, l’absence de tabagisme ou un tabagisme réduit sont probablement prédictifs d’une moindre efficacité de l’immunothérapie mais on ne dispose pas de données importantes permettant d’affirmer que, chez les malades dont la tumeur exprime PDL1 à an moins 50%, le tabagisme est prédictif de l’efficacité de l’immunothérapie. 

L’étude rétrospective qui est présenté ici a pour but de répondre à cette question à partir des données provenant de cinq grands centres académiques américains.

Ainsi ont été identifiés 315 patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules et dont la tumeur avait une expression de PDL1 ≥ 50%. Ils ont été partagés en 3 groupes en fonction de leur tabagisme :

  • Non-fumeurs définis selon la définition internationale par un tabagisme de moins de 100 cigarettes/vie (n=36),
  • Fumeurs légers définis par un tabagisme cumulé ≤10 PA (n=42),
  • Et grands fumeurs définis par un tabagisme cumulé >10 PA (n=237).

Les caractéristiques des patients des trois groupes ne présentaient pas de différence significative. L’âge médian allait de 66 à 70 ans, plus de la moitié étaient des femmes, autour de 80 % avec un adénocarcinome, très peu avaient un PS≥2, environ 30 % avait des métastases cérébrales, la plupart ont reçu l’immunothérapie  en première ligne et 4 fois sur 5 il s’agissait du pembrolizumab.

De façon attendue les mutations EGFR, les fusions ALK, ROS1 et RET, et les anomalies de BRAFV600E, et de l’exon 14 de  MET étaient significativement plus fréquentes chez les non-fumeur ou fumeurs légers (47 et 29 vs 8%). Les mutations d’EGFR représentaient l’anomalie la plus fréquente respectivement à 25 et 10% dans ces 2 populations vs 2% chez les grands fumeurs. A l’inverse, les mutations de KRAS étaient significativement plus fréquentes chez les grands fumeurs (46%) que chez les fumeurs légers (29%) ou les non-fumeurs (17%). La plupart des malades qui avaient une anomalie moléculaire « ciblable » ont reçu un traitement ciblé avant l’immunothérapie. 

Parmi les 315 patients appartenant à cette population, 279 avait des lésions mesurables. Les taux de réponse étaient numériquement supérieurs chez les patients fumeurs comme le montre le tableau ci-dessous.  Mais ces différences n’atteignaient pas la significativité : 

 

Non-fumeurs

Fumeurs légers

Grands fumeurs

Réponse complète (%)

0

0

2,4

Réponse partielle (%)

27,2

40

37,9

Stabilité (%)

27,2

25

29,1

Progression (%)

45,4

35

30,6

De même, les survies sans progression et durées de réponses étaient numériquement très augmentées chez les grands fumeurs sans néanmoins que cette différence n’atteigne la significativité comme le montre le tableau ci-dessous :   

 

Non-fumeurs

Fumeurs légers

Grands fumeurs

PFS médiane (mois)

3

4

5,4

Durées de réponse médiane (mois)

6,9

10,8

17,8

Bien que les différences observées n’atteignent pas la significativité, ces résultats nous semblent renforcer la notion que ce sont les plus grands fumeurs qui bénéficient de l’immunothérapie. On ne sait pas encore si les malades dont la tumeur exprime PD-L1  à au moins 50% bénéficient d’avantage de l’immunothérapie associée à la chimiothérapie ou de l’immunothérapie seule, mais on pourrait déduire de cette étude que ce sont les grands fumeurs qui, au sein de cette population, bénéficieraient le plus de l’immunothérapie …  Gardons cependant en mémoire que les effectifs des patients non-fumeurs ou petits fumeurs sont ici très réduit par rapport à celui des grands fumeurs. Il est possible que l’absence de significativité de ces résultats soit en rapport avec les effectifs réduits dans deux groupes sur trois,  mais cette étude, même si elle montre des tendances, reste négative ce qui doit nous inciter à la prudence en attendant que d’autres études confirment (ou infirment) ces résultats. 

Reference

Clinical activity of programmed cell death 1 (PD-1) blockade in never, light, and heavy smokers with non-small-cell lung cancer and PD-L1 expression ≥50% 

Gainor JF, Rizvi H, Jimenez Aguilar E, Skoulidis F, Yeap BY, Naidoo J, Khosrowjerdi S , Mooradian M, Lydon C, Illei P, Zhang J, Peterson R, Ricciuti B, Nishino M, Zhang J, Roth JA, Grishman J, Anderson D, Little BP, Carter BW, Arbour K, Sauter JL, Mino-Kenudson M, Heymach JV, Digumarthy S, Shaw AT, Awad MM, Hellmann MM

 An Oncol 2020 in press

116 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer