Comment les patients à qui on propose une intervention pour un cancer du poumon ou du colon perçoivent-ils leurs chances de guérison ?

Beaucoup d’études ont suggéré sue les patients qui ont un cancer n’ont pas forcément une vision exacte de leur pronostic, surtout s’il est métastatique  (/les-effets-psychologiques-du-depistage-dans-letude-danoise-dlcst) alors que la majorité d’entre eux souhaitent recevoir une information complète (/prev-em-onco/3913).

Qu’en est-il des patients atteints de cancers opérables ?

Pour répondre à cette question, cette étude prospective a enrôlé un grand nombre de patients atteints de cancers du colon ou du poumon  de plusieurs régions américaines qui ont été interrogés par mail 4 à 6 mois après leur diagnostic sur ce qu’ils croyaient concernant les buts du traitement, le processus décisionnel et la qualité de vie.

Au total, 1199 patients atteints de cancer broncho-pulmonaire et 2755 de cancer du colon ont été inclus dans l’étude. La majorité avaient un stade I ou II (61,6%). Mais il y avait aussi plus du quart de stades III et 12% de stades IV. Pour le cancer du poumon, il y avait encore plus de stades précoces et seulement 9,6% de stades IV.

Au total 80% des patients atteints de cancers du poumon et 90% de ceux atteints du cancer du colon pensaient que la chirurgie allait probablement les guérir. Cette perception était liée au stade : par exemple pour le cancer broncho-pulmonaire les réponses à la question : pensez vous que la chirurgie va guérir votre cancer ?  Ont été suivantes :

On remarque qu’il y a un important décalage entre ce que pensent les patients et la réalité. Le décalage le plus important concerne les cancers étendus : plus de 70% des malades atteints de cancers de stade III pensaient guérir et 60 % de ceux atteints de cancers métastatiques le pensaient.

En analyse multivariée les femmes et les célibataires avaient moins de probabilité de penser que la chirurgie allait les guérir. En revanche les africains et asiatiques avaient plus de probabilité de penser que la chirurgie allait les guérir.

Les patients qui jugeaient la communication avec leur médecin bonne étaient ceux qui étaient plus enclins à penser qu’ils allaient guérir.

Cette étude est intéressante parce qu’elle fournit des données concernant les cancers opérables qui jusqu’à présent étaient surtout disponibles pour les cancers métastatiques. Les médecins et les chirurgiens doivent-ils modifier pour autant leur façon d’informer les malades ? Nous n’en sommes pas persuadé. Face à la perspective d’un geste chirurgical la question que posent beaucoup de malades est surtout : Ais-je une chance de guérir ?  Et si la réponse à cette question est oui, le pourcentage de chances sera souvent interprété différemment selon le caractère du malade : Il n’est pas rare de voir des malades qui ne retiennent de ce qu’on leur a dit uniquement qu’ils vont guérir alors qu’on leur a dit qu’ils avaient une chance sur deux de guérir et d’autres qui, disposant de la même information, hésitent à accepter une intervention parce qu’ils se pensent condamnés.