European Respiratory Journal

Comment suivre les patients opérés ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2013

Imagerie : Radiologie, Chirurgie

Cette étude rétrospective monocentrique a été menée au CHU de Lille chez des patients opérés entre 1990 et 2002. Pendant les 3 premières années qui suivaient l’intervention, les patients bénéficiaient d’un examen clinique et d’une radiographie pulmonaire tous les 3 mois et tous les 6 mois d’un scanner thoracique, d’une bronchofibroscopie, d’une échographie abdominale, d’un scanner cérébral et d’une scintigraphie osseuse. Durant les 2 années suivantes, la surveillance par examen clinique et radiographie restait la même mais le même bilan plus complet n’était effectué que tous les ans.

Les récidives étaient différenciées comme telles ou comme second cancer selon les critères de Martini. Leur traitement était considéré comme curatif si une exérèse complète ou une irradiation étaient réalisées. Une étude coût/efficacité était réalisée, définie par le coût des investigations rapporté au nombre d’années de vie gagnées.

Parmi 197 patients suivis dans cette période, 162 avaient les critères nécessaires pour entrer dans cette étude.

Leur âge moyen était de 59 ans, plus de 90% étaient des hommes, 57% avaient un cancer épidermoïde et 37,5% un adénocarcinome. Les 2/3 avaient un cancer de stade I ou II et les 2/3 également ont eu une lobectomie.

La compliance aux examens variait avec la nature de ceux-ci : 86% pour la radiographie pulmonaire et l’examen clinique, 76% pour le scanner, 68% pour la fibroscopie et l’échographie, et seulement 52% pour la scintigraphie osseuse et 24% pour le scanner cérébral.

Une récidive est survenue chez 85 patients (52,5%). Elle était symptomatique dans 48 % de ces cas (n=41). Elle était thoracique dans 47% des cas, extra thoracique dans 30,5% des cas et les 2 pour le reste des cas.

Dans la majorité des cas (n=47) la récidive a été détectée par examen clinique ou radiographie pulmonaire. Dans les autre cas, c’était le plus souvent par scanner (n=32) puis fibroscopie (n = 19,5%) les autres examens étant plus rarement impliqués dans le diagnostic de récidive (4 à 7 patients).

Après récidive, 22/85 patients ont été traités de façon curative et 44 de façon palliative. Dix neuf n’ont reçu qu’un traitement de confort.

La médiane de survie depuis la date de récidive a été plus élevée chez les patients qui avaient une récidive asymptomatique que chez ceux qui elle était symptomatique (15,5 vs 7,2 mois, p = 0,001).

En analyse univariée le sexe, le caractère asymptomatique de la récidive et le mode de diagnostic (examen clinique et radiographie pulmonaire vs autres examens) étaient significativement pronostiques. 

En analyse multivariée seuls le caractère asymptomatique et le mode de diagnostic étaient significativement pronostiques (tableau ci dessous).

 

 

Médiane de survie (mois)

Analyse multivariée

HR [95 % CI]

p

Asymptomatiques

15,5

2.14 [1.36-3.37]

0,001

Symptomatiques

7,2

Examen clinique et RP

6,4

0.37 [0.24-0.60]

<0,0001

Autres examens

20,2

Le coût par année de vie gagnée a été de 22 397€.

 

Cette intéressante étude a les limites d’une étude rétrospective. Elle manque d’un bras contrôle et la compliance aux examens qu’il était prévu de réaliser vient encore limiter les conclusions qu’il aurait été intéressant  de tirer sur l’impact par exemple du scanner cérébral.

 Elle suggère néanmoins fortement l’intérêt de la pratique d’examens complémentaires.  Le fait que la survie des patients asymptomatiques lors de la récidive ait été supérieure à celle des symptomatiques et que ces sujets asymptomatiques recevaient plus fréquemment un traitement curatif est particulièrement intéressant.

Dans ce contexte, nous sommes encore plus impatients de connaître les résultats de l’étude randomisée IFCT 0302 dirigée par Virginie Westeel comparant examen clinique et radiographie à la même chose plus scanner thoracique et du haut abdomen et fibroscopie. Cette étude, dans laquelle 1775 patients ont été inclus, est maintenant fermée aux inclusions  (http://www.ifct.fr).  

Reference

Relevance of an extensive follow-up after surgery for non-small cell lung cancer.

Gourcerol D, Scherpereel A, Debeugny S, Porte H, Cortot AB, Lafitte JJ.

Eur Respir J. 2013 Mar 21. [Epub ahead of print]

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer