Coût de la prise en charge du cancer broncho-pulmonaire en Allemagne

L’objectif de cet article est à partir d’une base de données médico-administrative, l’évaluation du cout de prise en charge du cancer du poumon en Allemagne sur des patients donc le diagnostic initial est réalisée en 2009. Seuls les coûts directs sont pris en compte, avec donc une exclusion des coûts de transports et des coûts indirects (arrêts de travail, absentéisme de l’entourage familiale, …). L’analyse est réalisée du point de vue du système de santé allemand et porte sur les 3 années suivant le diagnostic de cancer.

Au-delà des coûts, cette étude amène des éléments intéressants sur la prise en charge des cancers du poumon en Allemagne. Ainsi parmi les 17478 patients inclus, 20,5% ne reçoivent aucun traitement actif. Les taux de survie à 3 ans de ce large échantillon de patients est de respectivement 43,8%, 9,8% et 7% dans les groupes donc le traitement initial est la chirurgie, la chimiothérapie et/ou la radiothérapie et ceux qui ne sont pas traités. Les médianes de survie respectives sont de 24,6, 7,7 et 0,9 mois.

La plupart des coûts sont liées à la prise en charge dans les 6 premiers mois et surtout en rapport avec la chimiothérapie. Les coûts diminuent ensuite surtout après 18 mois. Le coût moyen par patient est de l’ordre de 20 000 euros. Il est plus élevé (de l’ordre de 26 000 euros) pour ceux traités par chimiothérapie et/ou radiothérapie que pour ceux traités par chirurgie (20 000 euros) ou pris en charge sans traitements actifs (4 000 euros). Les coûts diminuent les années suivantes soient parce que les patients sont décédées soient parce qu’ils ne nécessitent pas de soins actifs en permanence.

Commentaire

Les résultats de cette étude réalisée en Allemagne, sur un large échantillon, représentatif au niveau national, confirment des données de coûts retrouvées dans d’autres pays européens : les coûts directs d’un cancer du poumon métastatique étaient en 2009 aux alentours de 25 000 euros. En 5 ans, les nouvelles possibilités thérapeutiques (maintenance par bevacizumab et/ou pemetrexed, tyrosines kinases de première génération pour les patients  EGFR positives,  par crizotinib pour les patients avec une translocation ALK) mais aussi un plus grand nombre de patients traités en seconde ou en troisième lignes, ont entrainé un quasi doublement de ces coûts et d’ici 2020 on estime que la disponibilité de l’immunothérapie (seconde ligne pour les épidemoides et une partie des cancers non épidermoides), des tki de troisième génération et des anti angiogéniques en seconde ou en troisième ligne va de nouveau faire doubler les couts globaux de prise en charge des cancers du poumon.

En Europe comme dans le reste du monde et pour l’ensemble de la cancérologie le financement de ces nouveaux médicaments va imposer de nouveaux mécanismes de régulation pour permettre le maintien de services de santé basés sur la solidarité et l’égalités d’accès à l’innovation thérapeutique.