Lancet oncology

Dacomitinib en première ligne chez les mutés : une étude de phase II.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2014

Thérapeutique ciblée

Nous avons analysé sur ce site deux études de phase II explorant l’action du dacomitinib, un inhibiteur des récepteurs EGFR de deuxième génération (/prev-em-onco/3048, /prev-em-onco/3615) et deux études de phase III  le comparant soit à l’erlotinib (/carboplatine-pemetrexed-et-bevacizumab-puis-bevacizumab-en-maintenance-une-etude-de), soit à un placebo (/les-nodules-peri-scissuraux-sont-ils-toujours-benins). Ces 4 études avaient été menées chez des patients prétraités.

Voici une étude de phase II qui porte sur des patients sélectionnés et traités, cette fois, en première ligne.

Cette étude internationale de phase II ouverte a été menée à Hong Kong, au Japon,  en Corée du Sud, à Taiwan et aux Etats-Unis.

En 2008, la sélection des patients était basée sur des critères cliniques tels que le fait d’être non-fumeur ou petit fumeurs ou de ne pas avoir de mutation KRAS pour les sujets non asiatiques. Ensuite, quand les résultats de l’étude IPASS ont été connus, le protocole a été amandé pour n’inclure que les patients ayant une mutation activatrice de l’EGFR, quel que soit leur statut tabagique.

Le dacomitinib était administré par voie orale à la dose de 45 mg/m2/jour. Du fait de fréquentes diminutions de doses au début de l’étude, le protocole a été amendé : la dose de 30 mg par jour était d’abord administrée puis augmentée par paliers jusqu’à 45 mg.

L’objectif principal était le taux de survie sans progression  à  4 mois avec une hypothèse nulle ≤50%. Les objectifs secondaires étaient le taux et la durée de réponse, la survie sans progression, la survie globale et la toxicité.

En 2 ans, 89 patients ont été enrôlés. Parmi ceux-ci, 53 (60 %) avaient une mutation EGFR et 45 une mutation activatrice de l’EGFR.

La durée médiane de suivi était de 24,8 mois. Les données d’efficacité sont résumées sur le tableau ci dessous :

 

Ensemble des patients

Patients ayant une mutation activatrice de l’EGFR

Nombre

89

45

PFS  à 4 mois (%)

76,8

 

PFS  médiane (mois)

11,5

18,2[1]

Réponses (%)

53,9

76

Durée médiane de réponse (mois)

12,9

17,2

Survie médiane (mois)

29,5

40,2

Les effets adverses sont ceux que nous connaissons avec les autres inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR, avec une fréquence importante : 93% de diarrhées dont 15% de grade 3 et 78% de lésions cutanées acnéiformes dont 18% de grade 3. Deux effets de grade 4 ont été rapportés au traitement (hypokaliémie et dyspnée). Aucun décès imputable au traitement n’a été observé.

La dyspnée, la douleur et la toux étaient des symptômes rapportés comme précocement améliorés. La fatigue en revanche n’était pas modifiée.

 

De  tels chiffres de survie sans progression  n’ont jamais été observés avec d’autres inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR, même en phase II. Attendons maintenant les résultats de l’étude prospective de phase III ARCHER 1050 qui compare chez des sujets présentant une mutation activatrice de l’EGFR en première ligne le dacomitinib au gefitinib. Les résultats de cette étude sont attendus pour 2016 (http://clinicaltrials.gov/). 



[1] Sans différence entre les patients présentant une mutation de l’exon 19 ou 21.

Reference

Dacomitinib as first-line treatment in patients with clinically or molecularly selected advanced non-small-cell lung cancer: a multicentre, open-label, phase 2 trial.

Jänne PA1, Ou SH2, Kim DW3, Oxnard GR4, Martins R5, Kris MG6, Dunphy F7, Nishio M8, O'Connell J9, Paweletz C10, Taylor I11, Zhang H12, Goldberg Z13, Mok T14.

Lancet Oncol 2014; 15 : 1433-1441.

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