British Journal of Cancer

Doit-on arrêter prématurément les essais cliniques pour « futilité » ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2012

Méthodologie / Essais thérapeutiques

Faut-il arrêter les essais clinques avant l’objectif atteint pour futilité?  Pour répondre à cette question les auteurs ont réalisé une analyse rétrospective de 10 essais cliniques de supériorité de phase III (poumon (n=4), tête et cou (n=2), sein (n=2), canal anal (n=1) et voies biliaires (n=1). Cinq de ces essais étaient négatifs, 1 était positif en indiquant un effet large et 4 étaient considérés comme montrant un effet modéré, dont 2 réellement positifs et  2 négatifs.

Arrêt après un pourcentage d’événements :

Aucun des 5 essais négatifs n’auraient pu être arrêtés après avoir observé 25% des événements. Après 50% des événements 3 études auraient pu être stoppées.

Parmi les 4 études objectivant un effet modéré, l’une  d’entre elles aurait pu être stoppée après 50% ou 75% des événements.  Néanmoins les HR observés à ces moments là (1,16 et 0,95) sont différents du résultats final à 0,86.

Arrêt après un pourcentage d’inclusions :

Aucun des 5 essais négatifs n’auraient pu être interrompus après 25 et 50% des patients. En revanche 4/5 auraient pu être interrompus après 75% des patients.

Pour les 4 essais avec un modeste bénéfice, 2 auraient pu être stoppés à 50% et 75 % des patients car le HR était totalement négatif (1,12 et 1,29). Ils ne l’ont pas été et les HR étaient très différents du HR final puisqu’à 0,86 (0.67–1.11) et 0,81 (0.63–1.04).

Le message de cet article est clair : l’arrêt pour futilité est utile pour diminuer le nombre de malades à inclure et ainsi pour réduire le coût de l’essai. Néanmoins cette attitude peut conduire à passer à côté de bénéfices modérés qui n’auraient pas été constatés si un tel arrêt avait été décidé.

De plus, surtout si l’analyse survient après 75% des malades et à plus forte raison après 75% des événements, lorsque la décision est prise les essais sont souvent terminés ou en voie de l’être et les bénéfices ne sont pas alors très importants. 

Reference

Stopping clinical trials early for futility: retrospective analysis of several randomised clinical studies.

Jitlal M, Khan I, Lee SM, Hackshaw A.

Br J Cancer 2012; 107 : 910-7

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer