Journal of Clinical Oncology

Le rapport des résultats des grands essais n’est pas toujours conforme à ce qui était initialement prévu.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2015

Méthodologie / Essais thérapeutiques

Soixante quatorze  grands essais de cancérologie randomisés publiés durant 10 mois de l’année 2012 dans le New England Journal of Medicine, le Lancet et le Journal of Clinical Oncology ont été revus dans le but de voir s’il existait des différences entre le protocole et la publication, notamment en ce qui concerne les objectifs et les analyses réalisées. Le choix des revues était justifié par l’impact factor supérieur à 15 et le fait que, pour la période donnée, ces journaux avaient publié des essais randomisés à grands effectifs.

Ces essais avaient inclus un nombre moyen de 609 patients, 4/5 étaient des essais de phase III  et 54% étaient sponsorisés par l’industrie.

Objectifs principaux

Même pour l’objectif principal, il y avait d’importantes différences entre le protocole et la publication :

-       Pour 65 de ces essais, il n’y avait qu’un objectif principal, mais 9 en avaient plusieurs.

-       Ces objectifs principaux étaient multiples, le tiers seulement étant représentés par la survie globale.

-       Moins de la moitié des études étaient positives, c’est à dire avaient atteint leur objectif principal.

-       Dans 9 cas, soit dans 12% des cas,  il y avait des différences entre les objectifs principaux tels qu’ils étaient définis dans le protocole et la façon dont ils étaient décrits dans la publication.

-       Enfin plus de 40% des articles faisaient état d’analyses qui n’étaient pas planifiées.

Objectifs secondaires

Des différences considérables étaient également constatées :

-       Sur 579 objectifs secondaires prévus dans le protocole, les résultats de seulement 373 (64%) étaient rapportés.

-       Seulement le quart des études ont rapporté les résultats de tous leurs objectifs secondaires (les résultats les plus fréquemment omis concernaient les biomarqueurs, la qualité de vie et les objectifs qui concernaient le temps d’apparition d’un événement.

-       Ce sont les études qui avaient le plus d’objectifs secondaires dont les résultats étaient le moins souvent complètement rapportés.

-       La taille de l’étude, la nature de la promotion, la nature des résultats et l’année d’étude n’influaient pas ce nombre de résultats non rapportés.  

Publication de données ou d’analyses non prévues

Plus du tiers des études ont rapporté les résultats de 65 objectifs qui n’étaient pas initialement prévus. Fait important, lorsque ces analyses non prévues initialement étaient positives, leurs résultats étaient plus fréquemment mentionnés dans le résumé que quand elles étaient négatives.

 

Cette étude est particulièrement intéressante parce qu’elle démontre que les études randomisées publiées, même dans de très grands journaux, dans un nombre de cas non négligeable, s‘écartent des analyses qui étaient définies dans le protocole initial. Les auteurs réclament à juste titre une meilleure application des recommandations existantes et aussi une plus grande précision quant à  la définition des objectifs utilisés.

Ces points sont essentiels mais  ne doivent pas faire oublier que si un certain nombre d’études ne respectent pas les règles du jeu, c’est loin d’être le cas de toutes. Il faut souligner par ailleurs que les écarts dans le rapport des objectifs secondaires est peut-être surestimé car beaucoup d’études sont maintenant publiées en plusieurs étapes : Il est très fréquent de voir par exemple un article princeps sur la survie sans progression qui est l’objectif principal de l ‘étude, puis un deuxième sur la survie globale, puis un troisième sur la qualité de vie et un quatrième sur une sous population, par exemple de sujets âgés. Dans cet exemple, c’est la lecture des 4 articles qu’il faut confronter au protocole initial.

Enfin, le choix des 3 journaux, justifié par l’impact factor et la publication d’ essais randomisés à grands effectifs nous semble discutable. Par exemple les études publiées dans le Lancet Oncology, qui avait à l’époque un impact factor à 25 et qui  a publié, rien qu’en oncologie thoracique, 4 grandes études cliniques analysées sur ce site (PARAMOUNT (/le-tivantinib-un-inhibiteur-de-c-met-associe-lerlotinib-chez-les-patients-egfr), INFORM (/faut-il-ne-jamais-operer-les-patients-dont-la-tumeur-presente-une-extension-pleurale), LUX LUNG 1(/faut-il-suivre-les-recommandations-pour-la-recherche-de-mutations-egfr-et-kras)  et TOPICAL (/epithor-les-traitements-dinduction-naugmentent-pas-la-mortalite-post-operatoire-et-ne), auraient pu aussi faire partie des études cliniques analysées.   

       

Reference

From Protocols to Publications: A Study in Selective Reporting of Outcomes in Randomized Trials in Oncology.

Raghav KP, Mahajan S, Yao JC, Hobbs BP, Berry DA, Pentz RD, Tam A, Hong WK, Ellis LM, Abbruzzese J, Overman MJ.

J Clin Oncol. 2015 Aug 24. pii: JCO.2015.62.4148. [Epub ahead of print]

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer