Thorax

Effets psychologiques du dépistage : les résultats de l’étude UKLS.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2016

Qualité de vie / Soins palliatifs, Dépistage

Nous avons commenté sur ce site durant ces dernières années des études portant sur le retentissement sur la qualité de vie et l’anxiété potentiellement induites  par le dépistage dans l'étude NELSON (cliquer ici) dans l’étude NLST (cliquer ici) ainsi qu’une revue générale sur ce sujet (cliquer ici). Ces études montraient que l’anxiété, la tristesse, les troubles du sommeil et l’auto-critique étaient fréquemment retrouvés chez les fumeurs et les anciens fumeurs qu’ils soient ou non soumis au dépistage et que ces symptômes pouvaient augmenter au moment de la découverte d’anomalies suspectes, mais en général  de façon passagère.

Voici une autre étude réalisée à partir de l’étude anglaise UKLS, une étude randomisée comparant la réalisation d’un scanner faible dosée à des soins standard pour le dépistage du cancer broncho-pulmonaire. Cette étude devait inclure 32 000 personnes mais elle n’a pas été financée et seulement une étude pilote comportant un seul scanner dans le bras expérimental a pu être réalisé. Nous avons également commenté les résultats de cette étude sur ce site (cliquer ici).

Cet article porte sur les effets psychologiques à court et long terme du dépistage.

Plusieurs  questionnaires devaient être remplis, mesurant la détresse liée au cancer du poumon par  la « Cancer Worry Scale », l’anxiété et la dépression à partir de « l’Hospital Anxiety and Depression Scale » et un autre questionnaire « Decision satisfaction ». Ces questionnaires ont été remplis :

  • avant la randomisation (T0) : 99,5% des sujets du bras intervention et 99,5% de ceux du bras contrôle ont rempli ces questionnaires.
  • Puis après réception de la lettre indiquant soit les résultats du scanner pour les patients randomisés dans ce bras, soit la randomisation dans le bras contrôle (T1) : 84,1% des sujets du bras intervention et 78,3% de ceux du bras contrôle ont rempli ces questionnaires.
  • puis à distance de l’étude (T2), en moyenne 16 mois après le recrutement : 82,3% des sujets du bras intervention et 65,3% de ceux du bras contrôle ont rempli ces questionnaires.

Effets à court terme 

Les variations du score de détresse  dépendaient du score de détresse initial :

- chez les participants qui avaient un score initial bas, le score à T1 était significativement plus élevé chez les participants randomisés dans  le bras scanner.

- chez ceux dont le score initial était élevé, aucune différence significative n’a été observée.

L’anxiété n’était pas influencée par le résultat de la randomisation.

Quant au score de dépression, il était légèrement mais significativement plus élevé chez les personnes incluses dans le bras contrôle.

La détresse était significativement plus élevée chez les patients adressés en RCP que chez les participants dont le scanner montrait une anomalie incidente, ou chez lesquels un suivi scanographique était proposé et que lorsque le dépistage était négatif. De même elle était supérieure chez les participants auxquels un suivi était proposé à ceux  chez qui le dépistage était négatif. Il en était de même pour le score d’anxiété mais pas pour la dépression.

Effet à long terme

Aucune différence significative de détresse n’a été observée à T2 mais les personnes incluses dans le bras contrôle avaient des indices d’anxiété et de dépression légèrement mais significativement augmentés.

En analyse multivariée l’impact de la randomisation dur la détresse n’apparaissait pas. Cette dernière était significativement associée avec le sexe féminin,  le jeune  âge,  la poursuite du tabagisme, l’expérience du cancer et le fait d’appartenir à l’un des centres.

Ces résultats vont donc dans le même sens que ceux déjà publiés concernant les études NELSON et NLST. Lorsqu’il est réalisé de façon organisée, le dépistage n’a pas d’effet psychologique important même à long terme.

 

 

 

Reference

Long-term psychosocial outcomes of low-dose CT screening: results of the UK Lung Cancer Screening randomised controlled trial.

Brain K, Lifford KJ, Carter B, Burke O, McRonald F, Devaraj A, Hansell DM, Baldwin D, Duffy SW, Field JK.

Thorax 2016; 71 : 996-1005

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer