Cancer

La qualité de vie et l’anxiété ne sont pas majorées par le dépistage dans l’étude NLST

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2014

Qualité de vie / Soins palliatifs, Dépistage, Diagnostic précoce

On imagine facilement que les résultats d’un scanner de dépistage peuvent altérer la qualité de vie, notamment lorsque le scanner objective des anomalies qui correspondent finalement à un faux positif, ou lorsqu’il découvre par hasard une anomalie radiologique qui n’a rien à voir avec l’objectif du scanner comme par exemple un anévrysme de l’aorte abdominale ou un kyste rénal.

L’objectif du travail présenté ici est de voir s’il existe une modification de la qualité de vie et de l’anxiété dans l’étude NLST (http://www.em onco.com/?q=node/2164/prev-em-onco/3326/prev-em-onco/3409) à 1 et 6 mois en fonctions de ces résultats.

Seuls une partie des sujets recrutés par les  centres du groupe ACRIN ont participés à cette étude en remplissant un questionnaire de qualité de vie et un score d’anxiété : 1450 ont participé à T0, 923 à T1 et 439 à T2. Les caractéristiques de ces 2812  personnes étaient identiques à celles des 50 640 qui ne sont pas entrées dans cette enquête avec néanmoins quelques différences : le nombre de femmes était un peu supérieur, de même qu’il y avait plus de sujets à niveau d’éducation élevé ou célibataires. Il y avait aussi quelques différences concernant l’origine ethnique. A noter enfin que le nombre des positifs était très surreprésenté puisqu’ii y avait 1024 faux positifs (36,4%), 63 (2,2%) vrais positifs, 344 (12,2%) autres anomalies radiologiques et 1381 (49,1%) négatifs.

Les participants à cette étude était invités à remplir un questionnaire comportant 36 questions (SF-36v2) explorant l’état fonctionnel et le bien être. Deux scores étaient calculés, un score physique (PCS) et un score mental (MCS) allant de 0 à 100.  L’anxiété était mesurée par un score calculé sur la réponse à 20 questions (STAI Y-1) allant de 20 à 80 (80 témoignant de l’anxiété la plus élevée). Les valeurs normales d’une personne de 55 à 64 ans ou de 65 à 74 ans sont respectivement de 50 et 46 pour le PCS et de 55 et 56 pour le MCS. Le score d’anxiété chez un adulte de 50 à 69 ans est de 34 chez l’homme et 32 chez la femme.

Les scores moyens des patients randomisés dans le bras scanner selon les résultats des scanner sont résumés dans le tableau ci dessous.

 

Résultats scanner

Score de base

Score à 1 mois

Score à 6 mois

PCS

Normal

48

47

47

Anomalies sans rapport

48

47

47

Faux positifs

47

47

47

Vrais positifs

46

44

38

MCS

Normal

51

51

51

Anomalies sans rapport

51

50

51

Faux positifs

51

50

50

Vrais positifs

52

44

46

STAI Y1

Normal

-

32

32

Anomalies sans rapport

-

33

33

Faux positifs

-

34

33

Vrais positifs

-

41

37

On voit sur ce tableau que les variations significatives de ces scores ne sont donc observées que chez les vrais positifs. Il en est de même pour les variations des scores des patients randomisés dans le bras radiographie.

Cette étude montre bien que les résultats qui correspondent à un faux positifs ou une autre anomalie radiologique non suspecte n’altèrent pas la qualité de vie ou le degré d’angoisse des personnes dépistées. Attention néanmoins au fait que cette étude a été conduite dans le cadre du NLST, c’est à dire d’une étude où l’information a été très probablement très bien délivrée. Il n’est pas certain que dans la « vrai vie » ou souvent l’information donnée se réduit à la découverte d’un nodule suspect, sans que la faible valeur prédictive positive de cet examen ne soit toujours bien expliquée,  les mêmes résultats soient observés. 

Reference

Impact of lung cancer screening results on participant health-related quality of life and state anxiety in theNational Lung Screening Trial.

Gareen IF1, Duan F, Greco EM, Snyder BS, Boiselle PM, Park ER, Fryback D, Gatsonis C.

Cancer. 2014; 120 : 3401-9. 

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer